samedi 20 décembre 2008

J'ai mal à l'âme

Hier soir, à 11h05, Joe Kincheloe est mort d'une crise cardiaque. J'envoie toutes mes pensées à Shirley (Steinberg) sa conjointe et collaboratrice.

J'ai serré la main de Joe Kincheloe au lancement du Projet international de pédagogie critique Paulo et Nita Freire. «Welcome, thank you so much for coming».... super chaleureux et gentil.

Je lis Joe Kincheloe depuis que Lorraine Savoie-Zajc m'a parlé de lui, il y a quatre ans. C'est un des piliers de la pédagogie critique, un ami de Freire, le frère spirituel de Giroux.

Dans sa préface à «Critical pedagogy», Kincheloe écrivait : « Nothing is impossible when we work in solidarity with love, respect, and justice as our guiding lights [...] Love is the basis of an education that seeks justice, equality, and genius. If critical pedagogy is not injected with a healthy dose of of what Freire called «radical love», then it will operate only as a shadow of what it could be. [...] Critical pedagogy wants to connect education to that feeling, to embolden students and teachers to act in ways that make a difference, and to push humans to new levels of social and cognitive achievement previously deemed impossible.»

Joe Kincheloe et ses écrits, c'est l'origine de la façon dont j'enseigne à l'université, c'est l'inspiration d'une autre façon de voir mes relations avec mes étudiants, c'est l'amour radical, freirien, que je tente d'injecter dans tout ce que je fais avec mes étudiantes.

Je le salue et le remercie mille fois de tout ce qu'il m'a apporté.

Lien vers son blog

mercredi 10 décembre 2008

Conte de Noël

De grâce, tous et chacun, allez lire ce conte de Noël de Michel Le Neuf.


Lisez-le attentivement, il y a là une analyse pour tous et tous les pouvoirs (humains, pédagogues, citoyens, État, etc.), un rappel de leur rôle

J'aime mon Charles

"Si les femmes ne vont pas en politique, c'est qu'elles sont aliénées. N'importe quel marxiste sait ça"

Je crois que je viens de réorienter ma thèse de doctorat.

lundi 8 décembre 2008

QS à l'Assemblée nationale

J'avoue que j'ai pleuré.

La première fois que j'ai vu Amir Khadir, c'était à l'UQAM, il y a 5 ou 6 ans. Il était venu parler de la situation des victimes des sanctions imposées à l'Irak après la première guerre du Golfe. Son éloquence était bouleversante, sa rage face à l'indifférence occidentale devant tous ces enfants affamés rejoignait bien la mienne, son souci de justice était mobilisant.Il a fait son allocution dans le cadre d'une conférence de Howard Zinn. VOus imaginez combien nous sommes tous sortis de cette salle meilleurs que ce que nous étions quand nous y sommes entrés.

Le voilà premier député de Québec solidaire à l'Assemblée nationale. J'imagine combien il saura inspirer le Québec entier.


Merci Amir.

Merci Bill


pour la lutte acharnée que tu mènes depuis des lunes pour améliorer la vie des gens les plus vulnérables, pour le bouclier que tu lèves contre toute forme d'injustice, de donner ta voix à ceux qui ne peuvent faire entendre la-leur, pour ce modèle d'être humain oh ! tellement meilleur que celui qui domine.


Quel honneur de te connaître !

(Bill Clennett, défenseur de la justice sociale et candidat de Québec solidaire dans Hull)

samedi 6 décembre 2008

Notre douleur ... notre responsabilité

In memoriam

Geneviève Bergeron, 21 ans
Hélène Colgan, 23 ans
Nathalie Croteau, 23 ans
Barbara Daigneault, 22 ans
Anne-Marie Edward, 21 ans
Maud Haviernick, 29 ans
Barbara Maria Klucznik, 31 ans
Maryse Leclair, 23 ans
Annie St-Arneault, 23 ans
Michèle Richard, 21 ans
Maryse Laganière, 25 ans
Anne-Marie Lemay, 22 ans
Sonia Pelletier, 28 ans
Annie Turcotte, 21 ans.

Debout !
Plus jamais
Plus jamais silencieuses
Plus jamais dociles

vendredi 5 décembre 2008

Pour bien vous amuser avec la pseudo-campagne ...

...pour l'opinion publique qui commence ardemment avec la prorogation.

Je vous soumets à nouveau la liste des arguments propagandistes de Chomsky et vous réfère, pour commencer, à ce premier texte à analyser.

1. La peur : un public qui a peur est plus facilement manipulé par des appels à la protection et à la sécurité.
2. Appel à l'autorité : citer des personnages importants pour appuyer des gestes ou des idées apporte une certaine légitimité aux propos.
3. Témoignage: les témoignages sont des mentions, parfois hors du contexte, particulièrement cités pour soutenir ou rejeter les idées ou les gestes. Ils confèrent un air de vérité au message.
4. Effet moutonnier : afin de persuader l'auditoire d’adhérer à une idée, on le persuade que la majorité adhère déjà à cette idée et qu’il faut se ranger avec eux pour être du côté gagnant.
5. Redéfinition, révisionnisme : technique selon laquelle on redéfinit des mots ou on réécrit l'histoire d’un événement afin de le rendre plus favorable aux propos défendus.
6. Obtenir la désapprobation: mener un auditoire à croire que des personnes sans scrupules, amorales ou méprisables soutiennent une idée qu’on tente de défaire.
7. Généralités éblouissantes et mots vertueux : le recours à des principes qui font appel aux émotions de l’auditoire, comme l’amour des enfants, la justice, l’égalité, la liberté etc., dont l’image est toujours positive manipulent l’auditoire à associer les principes à ceux qui les mentionnent.
8. Imprécision intentionnelle: consiste à se servir de faits ou de statistiques hors-contexte, ou de les déformer, sans en indiquer la source, donnant ainsi au message un air scientifique incontestable.
9. Transfert: technique selon laquelle on projette des qualités (positives ou négatives) d’une personne ou d’une institution, d’un programme sur quelqu’un d’autres, afin de le ridiculiser ou de le rendre plus attrayant.
10. Quidam: emploi du niveau de langage et des manières de l’auditoire moyen, soit ceux d’une personne ordinaire et accessible, dans le but de lui faire croire que le message est véhiculé par une personne qui lui ressemble, donc qui partage ses intérêts.
11. Stéréotyper ou étiqueter : cette stratégie fait appel aux préjugés et aux stéréotypes de l'auditoire afin qu’il rejette une idée ou une personne .
12. Bouc émissaire: accuser un groupe d’être responsable d’un problème réel ou perçu afin de simplifier le problème et détourner l’attention pour ne pas avoir à s’engager dans l’analyse de la situation.
13. Slogans : un slogan est une brève expression, qui est reconnue et mémorisée facilement.
14. Glissement sémantique : recours aux euphémismes pour vider une expression de son sens réel ou pour réduire la charge émotive qui y est associée ou à l’inverse, la renforcer.

jeudi 4 décembre 2008

Je pleure Hélène Pedneault


Adieu ma soeur. Je pense à toi et je porte le ruban blanc, mais je sais qu'il crève ma peau comme la balle d'un fusil et que j'ai droit à ma colère.

«Dans la généalogie de l'indignation, la colère est la branche volcanique. C'est elle qui monte en premier aux barricades comme une tête brûlée qu'elle est, aveuglément, sur un coup de sang, une montée de fièvre, sans penser à protéger sa peau, et qui allume les incendies que l'indignation reprend à son compte. L'indignation organise la colère, oriente son feu, le documente, jette les cris inutiles aux vidanges, et donne du souffle seulement aux colères qui sont facteurs de changement. La colère peut être stérilisante; l'indignation, féconde. La colère est une sprinteuse; l'indignation est une marathonienne. La colère a la durée de vie d'une allumette; l'indignation, celle d'une flamme olympique. [...] Et ne soyez pas de mauvaise foi. Quand je parle de la colère des femmes, je ne parle pas seulement de la colère parfaitement justifiée qu'elles éprouvent d'être encore traitées en subalternes et non en partenaires. Je ne parle pas seulement de la colère dirigée, avec raison, contre le monde des hommes ou certains hommes en particulier. Je parle aussi de la colère des femmes dirigée contre tout ce qui nous diminue collectivement, contre tout ce qui glorifie la mort au détriment de la vie, contre tout ce qui pollue, contre tout ce qui menace l'intégrité et la dignité des êtres humains, contre tout ce qui ment, ne tient pas compte, divise, asservit, terrorise, mutile.

Il faut maintenant revendiquer pour nous cette scie qu'on ne peut plus endurer dans la bouche d'un homme: "T'es belle quand t'es en colère". Mais il faut ajouter: "T'es puissante quand t'es en colère. T'es utile." Pratiquer la colère, c'est décider d'être à la même hauteur que ses rêves et ses convictions pour les regarder dans les yeux. C'est être à la hauteur de soi-même, et non plus étriquée, prise comme une minuscule poupée russe à l'intérieur d'un rêve plus grand.» Hélène Pedneault, Apologie de la colère des femmes, 1999

Un coup dur pour la démocratie


On a l'air plus que crétins !

La base du système parlementaire - la responsabilité du gouvernement envers la population qui a élu les membres de l'assemblée législative dont il est issu- a pris un méchant coup aujourd'hui. J'appuie les constitutionnalistes qui aujourd'hui encourageaient les membres du parlement à présenter un projet de loi limitant le recours à la prorogation pour des raisons très spécifiques et dans aucun cas pour éviter un vote de confiance.

Suspendre le parlement pour rester au pouvoir, c'est le move d'un autocrate.

Lawrence Cannon hurlait au «putsch» (un changement de pouvoir soudain, imposé par surprise, par une minorité utilisant la force -wikipédia) et qualifiait la coalition de «junte» (Une junte est un gouvernement militaire, généralement mis en place après un coup d'État, par exemple en Amérique latine ou en Birmanie- ibid) cette semaine devant la possibilité d'un gouvernement de coalition qui aurait l'avantage démocratique de représenter la majorité des Canadiens. Comment qualifierait-il le geste de lâcheté de son chef ?

Et que dire de cette insistance à démoniser les Québécois qui ont élu les députés du Bloc QUébécois ? De quel droit insinue-t-il qu'ils ont moins de droits que les députés des partis fédéralistes ?