jeudi 5 juin 2008

Il ne faudrait surtout pas que les élèves aient des opinions

Aux États-Unis, un enseignant est renvoyé parce qu'il a développé le sens critique de ses élèves qui ont refusé de se soumettre à un de la pléthore examens standardisés qui leur sont imposés pendant l'année scolaire.

Extrait de l'entretien entre Amy Goodman et Juan Gonzalez au sujet de cette histoire, sur Democracy Now !

AMY GOODMAN : “New York 8th-Graders Boycott Practice Exam But Teacher May Get Ax.” He was fired, and what happened?
JUAN GONZALEZ: Yeah. Well, this is an amazing story in the South Bronx at an intermediate school. Last week, 160 out of 165 eighth graders in six classes boycotted a standardized—a practice test for a state test, because they were sick and tired of the constant testing that they’ve been submitted to over the years. They’re constantly, they say, being pulled out of their classes for standardized tests, sometimes for practice tests, sometimes just for dummy tests that the testing companies are trying to try out on students. And so, the entire eighth grade of this one intermediate school rebelled. They refused to take the test. They handed in a petition demanding an end to the oppression of all these tests.

And the response of the local principal was to fire the social studies teacher, because somehow she felt that he had instigated all of this. The students I interviewed said that they did it because they’ve been taught critical thinking and that they’ve decided that this kind of testing juggernaut has to be challenged.

AMY GOODMAN: Douglas Avella has been fired?

JUAN GONZALEZ: Well, yes. He was a probationary teacher. The principal removed him from the classroom the day of the boycott and has now notified him yesterday that she intends to fire him.

Incroyable. Des élèves de deuxième secondaire et un enseignant qui ont tant de courage, de convictions et de conscience critique. Le message de la direction est clair, toutefois. Pas de pensée critique dans son école !

2 commentaires:

Gilles G. Jobin a dit…

Tout le monde est bien d'accord pour développer le sens critique, à condition que cela ne change en rien l'environnement même qui permet cette critique.

Critiquez tout, mais pas l'école !

À quelques reprises, j'ai suggéré que les élèves (et les étudiants) REFUSENT les examens "tri-social". À mon sens, l'évaluation devrait toujours se faire dans un contexte d'aide à l'apprentissage. Que certains veulent trier des enfants, des ados, des adultes, libre à eux de le faire. Mais libre aux "pré-triés" de refuser de subir la chose.

Les tests standardisés, ça tellement rien à voir avec l'apprentissage... Mais avec les résultats, on peut en faire du gargarisme scientifique.

Stéphanie Demers a dit…

Je suis bien d'accord. À l'université, j'ai donné le cours «Évaluation, régulation et bilan des apprentissages» en commençant par la très rigoureuse critique de Violaine Lemay face à l'évaluation scolaire.

Quand j'étais au bac, ce cours s'appelait «Mesure et évaluation» des apprentissages, en plein dans le sens des tests standardisés, qui font hurler les Parizeau de ce monde contre les prétendues «ratées» de notre système (PISA, par exemple).

Il y a eu évolution dans la façon de concevoir l'évaluation, c'est évident dans le renouveau pédagogique. Le problème, c'est que ça ne se rend pas où ça devrait. Un CP de la région me disait récemment que les consignes de la ministre ont ouvert la porte à la mesure. Il voit une énorme vague, tant au primaire qu'au secondaire, retourner à leurs anciennes habitudes d'évaluation tri social, avec les attitudes qui vont avec.

C'est donc vers la formation des enseignants et les élèves qu'il faudra se tourner.