mercredi 24 septembre 2008

Claquer la porte aux ados

Le gouvernement Harper, fidèle à sa doctrine de la peur et du choc, a brandi cette semaine les armes et est monté aux barricades contre les jeunes... 14 ans et la prison avec les adultes.

Les jeunes font peur, nous allons pathologiser à ce point la jeunesse que ...
«le taux d'incarcération des jeunes est plus élevé au Canada que dans les autres pays occidentaux, y compris les États-Unis; le taux d'incarcération des jeunes Canadiens est plus élevé que chez les adultes; les adolescents reçoivent une peine plus longue que les adultes condamnés pour la même infraction; près de 80 % des peines de détention sont infligées pour des infractions sans violence; le taux de criminalité juvénile n'est pas en hausse.» René Binet, Avocat spécialisé en droit des jeunes et ancien président de l'Association des avocats en droit de la jeunesse

La vision de la loi sur les jeunes contrevenants ? Deux poids, deux mesures. une répression exponentiellement plus grande à l'égard des moins de 18 ans. «Ottawa veut imposer à un adolescent le fardeau de prouver que sa détention n'est pas nécessaire avant la tenue de son procès, et ce, malgré la présomption d'innocence. On veut créer un régime distinct et plus répressif que celui des adultes afin d'accroître la détention des mineurs. Sans contredit, Ottawa démontre une fois de plus un acharnement et une obsession de la sécurité à l'endroit des jeunes.»

Ou on pourrait nourrir et loger convenablement les enfants et leur famille.

On pourrait remplir notre promesse de protéger les enfants contre la violence, l'humiliation, l'intimidation.

J'ai un t-shirt qui est déjà plus intelligent que le gouvernement Harper. On peut y lire «vous voulez mettre fin à la violence ? 4 mots : Nourrir, loger, éduquer, employer»

ce n'est pas sorcier. N'importe qui peut voir dans les statistiques sur la criminalité juvénile que le facteur déterminant no. 1 est (tambour svp) la pauvreté

Je laisse parler cet éloquent avocat, que je ne connais pas, mais qui est mon frère parce qu'il travaille à enlever cette pierre d'achoppement placée cruellement devant des millions d'enfants :

«En attendant une justice équitable digne du philosophe libéral John Rawls (la justice comme équité), les enfants sont victimes d'une stratégie politique machiavélique, d'une stratégie médiatique en mal de sensationnalisme et, surtout, de la servitude volontaire des adultes tolérant bêtement la misère de milliers de jeunes.

Pour combattre la criminalité juvénile et les injustices faites aux enfants, il s'agit de bien définir nos valeurs, de ne rien céder des grands principes éthiques, de sanctionner intelligemment les écarts de conduite de nos jeunes, d'éduquer et d'acheminer l'aide humanitaire nécessaire pour assurer la sécurité et le développement de chaque enfant.»

Marchandisation de l'école

Si vous êtes comme moi et vous ragez de devoir vous rendre à la salle de cours Bowater à l'université, vous allez vous ravir de ce que l'école de mon fiston vient de réussir.

Nous avons reçu une feuille soulignant que l'école primaire venait de gagner un montant de 25 000 $ pour aménager un terrain de soccer synthétique.

Il faut voir la pauvre cour de cette école, que la ville et la commission scolaire s'étaient déjà engagées à réaménager cette année. Je peux comprendre que certains ont cru à un cadeau tombé du ciel.

Le hic, c'est que c'est un prix de la compagnie Kraft. Et Kraft propose à tous les élèves de célébrer leur prix avec un super barbecue qu'elle commandite.

Où commencer ?

Avec les adultes de cette école qui ont cru que c'était correct d'être ainsi redevable d'une compagnie privée alors que l'école est publique ? Que dire de la publicité gratuite reçue par Kraft dans toute cette affaire ? Et du fait que cette publicité vise un public d'enfants, qui sont de surcroît captifs ?

Avec la compagnie qui si elle le voulait aurait pu faire un don discret et anonyme plutôt que de créer un sentiment de reconnaissance / publicité gratuite dans cette école ?

Le manque d'esprit critique me dépasse...

Mise à jour

je reviens de chercher le fiston à l'école. Sur les murs, écrites par des mains d'enfants, des affiches sur lesquelles on peut lire «Merci Kraft Canada».

«Félix, as-tu fait des décorations pour Kraft ?»
«Oui, Madame x nous a demandé de faire des dessins pour la grosse affiche de merci»
«...»

De la régulation sociale en première année

J'ai essayé de me retenir, mais ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas forte sur l'autocensure.

Nous avons reçu un message d'une enseignante-spécialiste du fiston de première année nous indiquant qu'il devait avoir en tout temps pour ses cours son carnet de comportement.

Vous avez bien lu.

Il n'y a pas de carnet d'apprentissage. Il n'est pas question d'apprentissage dans cette lettre d'environ 250 mots, mais de mémorisation de mots de vocabulaire, des punitions pour les élèves qui n'auront pas le carnet de comportement ou tout autre matériel obligatoire et de comportement.

Bon... si je comprends bien, Félix devra se plier à la norme comportementale telle que comprise par l'enseignante (qui hérite de cette norme que lui impose le discours hégémonique qui nous rend serviles, dociles, ignares, malléables, etc.). Toute «déviation» à cette norme est consignée soigneusement dans un carnet et je saurai si par exemple, Félix est privé du jeu libre du vendredi après-midi parce qu'il jouait avec son bâton de colle pendant que l'enseignante parlait.

À la fin de son parcours scolaire, Félix aura appris à obéir sans questionner, à être conforme à la norme et à s'approprier les discours insidieux des puissants qui l'oppriment sans qu'il se s'en rende compte ?

Over my dead body !

Mon travail de maman ? déconstruire le discours de l'école pour faire découvrir où il mène. Charles a fait un travail brillant en ce sens hier soir au souper, avec tous les enfants. La norme et la régulation sociale, ce sont les outils des fascistes qui font faire leur sale besogne par une population complice et endormie.

Mon travail en tant qu'enseignante au bac en enseignement ? Le même.

Ode à mes étudiants

Je sais que j'y reviens souvent, mais parfois, ils me bouleversent de leur génie.

Dans mon cours de didactique de l'univers social, j'ai chargé mes étudiants du bac en enseignement préscolaire/primaire d'enseigner les techniques géographiques et historiques. C'est une tâche ingrate, qui pourrait être ennuyeuse, mais jusqu'à présent, via Google Earth, les étudiants nous ont fait escalader l'Everest et exploré les seigneuries de l'île d'Orléans (Bravo Steven), nous avons construit des stratégies pour une «boîte à stratégies» pour comprendre comment écrire un texte en histoire, et hier, nous avons découvert comment fonctionnent les cartes de base. «Bof», dites-vous ? En réalité, c'est une des activités les plus joyeusement inductives que j'ai eu l'occasion de vivre.

Paul nous a fait jouer pour découvrir les cartes. L'activité particulièrement adorée par les étudiants du groupe : «Mon doigt est une voiture». On s'est couché sur les tables et voilà qu'au plafond suspendu, quadrillé de soutiens métalliques, on a découvert des symboles que Paul y avait affiché. Et sur un fond de musique et de bruits de rue, nous avons pris notre doigt comme une voiture qui circule sur les quadrillés comme sur des rues afin de se rendre d'un symbole à l'autre. Bien voilà, nous savons comment dessiner un plan !

Génial ! Quelle merveilleuse idée !

Nous avons fait un peu d'histoire locale ensuite, un petit tour du cimetière anglican et de Vieux Hull pour explorer l'histoire de l'industrialisation, de la syndicalisation, de la vie quotidienne entre 1820 et 1905, de l'immigration en provenance des Îles britanniques, le tout avec joie et des coeurs d'enfants partis à la découverte.

J'aime enseigner !

dimanche 14 septembre 2008

Formation universitaire des enseignants

Trois commentaires m'ont laissée songeuse quant à la formation des enseignants.

le premier, chez Gilles, relate l'écart - le gouffre - entre ce que devrait être l'intégration des TIC aux différents domaines de formation et ce qui était enseigné à l'université.

le second, un commentaire de Charles. Je parlais d'un étudiant qui avait insisté pour utiliser le mot «professeur» alors que j'avais dit que j'étais une enseignante (mon statut officiel est celui de chargée de cours). Je relate le tout à Charles qui rétorque «C'est ça le problème, les profs ne sont pas des enseignants».

le troisième, d'un étudiant de quatrième au bac en enseignement qui me dit dans un cours «c'est la première fois que j'ouvre mon programme [Programme de formation de l'École québécoise]» en enlevant l'emballage cello devant moi.

Je m'inquiète de ces écarts. J'ai parfois l'impression qu'à l'université, on oublie souvent que les enseignants (en formation ou en poste) ont des contraintes longues comme le bras. Ils sont des agents de l'État, leurs actes professionnels sont balisés par un programme qui fait loi, qu'on ne peut décider d'ignorer parce qu'on n'est pas d'accord. À tout ça, il faut ajouter la structure et la forme scolaire. Certes, il existe des marges de manoeuvre, des brèches dans le système, mais elles sont des occasions pour dépasser le programme (aller plus loin), pas l'ignorer !

On pourrait au moins avouer que ces contraintes existent ?

Je crois fermement en la théorie. Elle est plus que nécessaire, c'est la base. Mais des cours magistraux de trois heures sur la théorie n'apporteront pas les changements voulus en éducation, même s'il s'agit de la théorie la plus progressiste qui existe. Comme le disait Freire «C’est seulement au moyen d’une éducation qui ne sépare pas l’action de la réflexion, la théorie de la pratique, la conscience du monde, qu’il est possible de faire naître une forme dialectique de pensée qui contribue à insérer les hommes en tant que sujets dans leur réalité historique. »

Il faut tenir compte de la réalité scolaire dans la formation des enseignants, du mandat dont ils héritent, des incontournables de leur pratique. Sinon, je sens que l'on envoie des nouveaux enseignants qui n'auront pas eu la chance de concilier ce qui est avec ce qu'ils ont appris, la marge sera trop grande et ils devront se réfugier dans ce qu'ils ont connu sur les bancs d'école.

et reproduction sociale et tralala

lundi 8 septembre 2008

Les élections fédérales pour faire de l'éducation aux médias

J'aime les élections, en outre pour l'exercice de la citoyenneté, mais également pour les occasions d'apprentissage qu'elles représentent.

Voici une situation d'apprentissage intéressante à réaliser avec les communiqués de presse des différents partis. Ce qui est génial, c'est qu'ils sont tous disponibles en ligne sur les sites des partis.

En équipe de 4, vous devez analyser les messages suivants et formuler une alternative neutre pour chaque message.


Avant de commencer cette activité, voici deux définitions du concept de propagande.


1. Action exercée sur l’opinion pour l’amener à avoir certaines idées politiques et sociales, à soutenir une politique, un gouvernement, un représentant.

2. Tentative délibérée d'influencer des attitudes et des croyances pour promouvoir sa cause ou porter dommage à la cause d'un adversaire.


Les propagandistes font appel à des arguments qui ne sont pas toujours véridiques. Bien que leur effet est de convaincre l’auditoire, leurs outils sont ceux de la manipulation, souvent émotionnelle. Voici quelques techniques utilisées par les propagandistes :

1. La peur : un public qui a peur est plus facilement manipulé par des appels à la protection et à la sécurité.
2. Appel à l'autorité : citer des personnages importants pour appuyer des gestes ou des idées apporte une certaine légitimité aux propos.
3. Témoignage: les témoignages sont des mentions, parfois hors du contexte, particulièrement cités pour soutenir ou rejeter les idées ou les gestes. Ils confèrent un air de vérité au message.
4. Effet moutonnier : afin de persuader l'auditoire d’adhérer à une idée, on le persuade que la majorité adhère déjà à cette idée et qu’il faut se ranger avec eux pour être du côté gagnant.
5. Redéfinition, révisionnisme : technique selon laquelle on redéfinit des mots ou on réécrit l'histoire d’un événement afin de le rendre plus favorable aux propos défendus.
6. Obtenir la désapprobation: mener un auditoire à croire que des personnes sans scrupules, amorales ou méprisables soutiennent une idée qu’on tente de défaire.
7. Généralités éblouissantes et mots vertueux : le recours à des principes qui font appel aux émotions de l’auditoire, comme l’amour des enfants, la justice, l’égalité, la liberté etc., dont l’image est toujours positive manipulent l’auditoire à associer les principes à ceux qui les mentionnent.
8. Imprécision intentionnelle: consiste à se servir de faits ou de statistiques hors-contexte, ou de les déformer, sans en indiquer la source, donnant ainsi au message un air scientifique incontestable.
9. Transfert: technique selon laquelle on projette des qualités (positives ou négatives) d’une personne ou d’une institution, d’un programme sur quelqu’un d’autres, afin de le ridiculiser ou de le rendre plus attrayant.
10. Quidam: emploi du niveau de langage et des manières de l’auditoire moyen, soit ceux d’une personne ordinaire et accessible, dans le but de lui faire croire que le message est véhiculé par une personne qui lui ressemble, donc qui partage ses intérêts.
11. Stéréotyper ou étiqueter : cette stratégie fait appel aux préjugés et aux stéréotypes de l'auditoire afin qu’il rejette une idée ou une personne .
12. Bouc émissaire: accuser un groupe d’être responsable d’un problème réel ou perçu afin de simplifier le problème et détourner l’attention pour ne pas avoir à s’engager dans l’analyse de la situation.
13. Slogans : un slogan est une brève expression, qui est reconnue et mémorisée facilement.
14. Glissement sémantique : recours aux euphémismes pour vider une expression de son sens réel ou pour réduire la charge émotive qui y est associée ou à l’inverse, la renforcer.

(Adapté de Chomsky, Noam. De la propagande, Fayard, 2002.)

Ces méthodes se résument en fait en termes de leviers :

1. Levier d’adhésion : sert à faire accepter une personne, une idée ou un parti comme « bon » en l’associant à des mots ou symboles «bons »
2. Levier de rejet : sert à faire rejeter une personne, une idée ou un parti en l’associant à des symboles du mal ou de valeurs détestées.
3. Levier d’autorité : sert à conférer la légitimité à l’idée, à la personne, en se servant du prestige d’une personne ou d’une institution.
4. Levier de conformité : fait appel au sentiment d’appartenance commune à une institution, à une religion, à un pays pour obtenir l’adhésion.


Pour chacun des communiqués, identifiez les leviers et techniques utilisés par les auteurs. Ensuite, reformulez le message au neutre.

Hilarante éducation aux médias




Target women

De petits clips qui ont le mérite de nous rappeler pourquoi l'éducation féministe a aussi sa raison d'être !



J'ai ri !

En anglais seulement, mais bon... Je vois des activités de compréhension orale vraiment intéressantes à faire avec les élèves en anglais langue seconde- peut-être aussi des capsules s'inspirant de ce modèle en production orale. Le sujet ne manque pas d'intérêts pour eux, la présentatrice est jeune, cool et sarcastique à point et le vocabulaire est vraiment accessible. À noter qu'il y a une douzaine de capsules, toutes aussi drôles et offrant matière à réflexion sur la façon dont nous sommes manipulés en tant que consommateurs et consommatrices de messages publicitaires et même politiques !

lundi 1 septembre 2008

Le progrès d'une société se mesure par le bien-être de la jeunesse

Maudit que ça va mal, dans ce cas-là !

Dans un discours récent, Henry Giroux soulignait que l'on évaluation la démocratie des sociétés selon le bien-être de ses jeunes membres et la façon dont elles voient leurs responsabilités planétaires envers les générations futures.

Si c'est vrai, notre société a de sérieux besoins de réajustements !

«I believe that any talk about the future has to begin with the issue of youth, who more than any other group, embody the projected desires, dreams, and commitment of society’s obligations to the future. This recognition echoes a classical principle of modernity in which youth both symbolized society’s responsibility to the future and offered a measure of its progress. Youth in this instance provides a moral and political referent for how we translate the future and assume a large measure of responsibility for providing the resources, social provisions, and modes of education that enable young people to work toward the promise of an inclusive, sustainable, and peaceful global democracy. Within such a project, democracy is measured by the well-being of youth, while the status of how a society imagines the promise of democracy is contingent on how it views its planetary responsibility towards future generations.

As you well know, the futures we inherit are not of our own making, but the futures we create for generations of young people who follow us arise out of our ability to imagine a better world, recognize our responsibility to others, and define the success of a society to the degree that it can address the needs of coming generations to live in a world in which the obligations of a global democracy and individual responsibility mutually inform each other. »