vendredi 20 avril 2012

VIOLENCE

Litanie de mots qui se bousculent l’un après l’autre dans ma tête, s’enchevêtrent les uns dans les autres, se heurtent et se blessent.
Horreur Horreur de voir des étudiants en sang, en douleur, poivrés, matraqués à la tête, au visage, au bras. Horreur, cette expression de rage sur les policiers qui les matraquent et les assènent de coups de poing. Horreur et honte d’apprendre qu’une étudiante qui urinait dans un contenant alors que la police anti-émeute lui interdit d’utiliser la toilette au Pavillon Brault s’est fait frappée par ces policiers lorsque le contenu de sa vessie a débordé du contenant. Horreur aussi d’apprendre que les étudiants et solidaires ont passé des heures dans les autobus avant d’être placés en cellule, sans eau, sans nourriture et sans toilettes. Amour, gratitude et honte. Amour amour amour pour tous ces gens qui ont vu l’injuste et sont venus si pacifiquement appuyer solidairement étudiants et collègues. Contrairement à ce qu’ont dit certains, vous êtes ni vandales, ni brutes, ni violents. Vous êtes mes frères, mes sœurs, mes camarades, mes concitoyens et je vous aime profondément sans vous connaître tous personnellement. Gratitude merci merci merci Merci à ma merveilleuse collègue Catherine Lanaris qui a placé son corps devant ses étudiants pour les protéger de l’anti-émeute, qui essuyait le sang du visage d’un étudiant, qui a tenté de raisonner les policiers qui matraquaient les jeunes. Tu es un symbole de ce que signifient sollicitude et solidarité. À ma collègue Francine Sinclair qui n’a pas lâché la lutte en 10 semaines, déterminée, puissante en paroles et en actes et qui était au front aussi. Merci à tous ces collègues au front. Merci aux collègues du département de travail social qui sont allés accueillir les étudiants à la sortie de prison. Merci à Suzanne Bilodeau, qui arrêtée avec les étudiants témoignera toute sa vie de cette attaque du Gouvernement Charest sur la jeunesse. Honte. Honte de m’être effondrée en cours de manif, quelques minutes avant que l'anti-émeute entre dans le Pavillon Brault et de ne pas avoir pu faire comme elles. Je suis désolée, je suis peinée, catastrophée de ne pas avoir été là à l'intérieur du pavillon pour tenir la main de nos étudiants, comme la veille dans le fourgon policier. Honte de cette société brutale dans laquelle on vit et que je lègue actuellement à mes quatre magnifiques enfants. Mal. J’ai mal partout. Physiquement, psychologiquement, moralement. J’ai mal et je tremble sans arrêt depuis 4 jours. Déterminée, transformée, puissante, debout, en colère. Surtout. Je me lève et je continue.

2 commentaires:

Do a dit…

Aujourd'hui, je pleure. Je pleure Stéphanie de ne pas être en mesure de rassurer mon fils de six ans qui a peur pour moi lorsque je sors manifester en faveur de la gratuité scolaire. Aujourd'hui, je pleure de trop savoir qu'il a raison. Aujourd'hui, je pleure de ne pas comprendre où est la démocratie.

Doris

Blanche Roy a dit…

Chère Stéphanie,

Tu es une inspiration et un modèle pour tout un ensemble de personnes et ta présence est sentie, crois-moi. Mais ces personnes savent qu'elles ne peuvent être partout tout le temps. Il est important, je crois, qu'elles sentent que c'est un devoir aussi de passer le relais et de s'accorder un peu de répit lorsque nécessaire pour revenir plus fort et continuer. Il n'y a jamais aucune honte là-dedans, crois- moi. Et ça permet à cette relève de grandir. xx