lundi 9 février 2009

Du décrochage et des classes sociales

Le Devoir fait état ce matin d'une augmentation du décrochage scolaire au Québec, particulièrement dans les milieux défavorisés. De 26 % sous le Parti québécois, il serait passé à 29 % chez les Libéraux.

J'aurais aimé que l'on tisse un parallèle entre cette augmentation et
- l'augmentation de l'écart entre riches et pauvres et l'essor du néolibéralisme
- la stagnation dans les approches de «gestion de classe»
- la trop grande marche à grimper pour les élèves qui n'arrivent pas à l'école avec les fondements de cette culture bourgeoise consacrée dans les contenus à maîtriser
- l'évaluation excessive et obsessive qui ne donne aux élèves aucun temps pour apprendre avant d'être jugés et catégorisés, puis convaincus de leur propre «valeur» ou de l'absence de celle-ci
- le trop faible pouvoir des milieux locaux et des enseignants de ces milieux pour aménager l'école à l'image de ceux à qui elle doit appartenir : les élèves et la communauté.

Je souligne par la bande le succès d'approches novatrices ailleurs dans le monde pour promouvoir la persévérance scolaire: la Finlande qui n'évalue ni ne catégorise et qui remet un pouvoir considérable à l'école et à la communauté (sans compter la différenciation pédagogique, etc.). La ville de Porto Allegre, où les écoles et leur curriculum sont gérés de façon participative par toute la communauté et où non seulement le décrochage a diminué, mais où les jeunes éduqués reviennent pour s'impliquer. Le mouvement des paysans sans terre du Brésil (MST) qui a émancipé les populations les plus vulnérables en construisant physiquement et philosophiquement de nouvelles écoles dont Dewey, Freinet et Freire seraient fiers, avec un curriculum à l'image de ceux qu'il sert.

Enfin, je me permets de souligner le travail de Joe Kincheloe, de Peter McLaren et de Dave Hill auprès des populations urbaines défavorisées en Occident.

Il y a des solutions. Elles ne sont ni de l'ordre d'accorder plus de place aux connaissances, ni de l'ordre d'instaurer plus de discipline dans les écoles, ni même de modifier les comportements des élèves. Elles sont de l'ordre humain, de la conscientisation, de l'action culturelle pour la libération, de la reconnaissance de chaque élève comme sujet de son histoire.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

2 mots:

- Wow ... et
- Espoir !

Les solutions sont là .. Il existe des preuves de leur bon fonctionnement.

Par où commencer?
Quand est-ce qu'on commence?

Plus le temps avance dans le BAC, plus l'école québécoise me déçoit et plus je me reconnais ailleurs..

Place au changement !

Stéphanie Demers a dit…

Sarah, si tu penses comme tu le fais c'est que tu as déjà commencé et que le où est le lieu où tu échanges avec tes collégues tout aussi critiques et allumés, ta famille humaniste... il deviendra sous peu ta classe, ton école, ta communauté. J'imagine ce que vous serez capables de faire unis dans votre conviction profonde qu'il faille que l'école change... c'est un lieu, ce réseau que vous vous êtes créé et qui se multipliera au contact d'autres enseignants et agents sociaux prêts à agir.

C'est pour ça que j'enseigne, parce qu'on va y arriver.

Stéphanie Demers a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Dominique a dit…

Je crois que ça commencera, un bon prof humain et conscient, un à la fois... Qui croit...

Je l'espère, pour mes petits-enfants, surtout pour mes petits fils...