dimanche 17 août 2008

Un cercle réduit

Absente depuis 2 mois ... dans les livres, en stage de recherche, rédigeant un chapitre de livre, un chapitre de cahier d'activités, 3 chapitres de guide d'enseignement... sans compter les merveilles d'enfants, les 4, qui développent des passions pour l'archéologie - passions qu'il faut nourrir, bien entendu

Ma grande-tante est décédée il y a deux semaines. En fait, c'était «Tante Thérèse», que je connaissais comme une tante-gâteau, brillante, ardente syndicaliste... mais voilà que je découvre que Tante Thérèse était aussi une grande féministe. Je ne le savais pas. Personne ne m'en avait parlé et j'ai des remords profonds. Je constate que ce n'est pas que moi qui perd une tante, mais la collectivité militante qui perd une soeur.

Ma tante était la première membre et co-fondatrice du Comité national des femmes du SFPQ, un syndicat dont 66 % des membres sont des femmes. Elle s'est battue en comité fantôme, comme on l'appelle, parce que l'exécutif (majoritairement composé d'hommes) n'a pas cru bon de reconnaître un comité national de femmes. Incroyable.

ici, une petite vidéo avec ma tante, Thérèse Ratelle, qui raconte la création du Comité national des femmes.

Tout ça pour dire, qu'en réalité, j'ai de sérieuses inquiétudes en ce qui concerne l'avenir des femmes. Un reportage récent dans le très rigoureux The Guardian faisait état d'un ressac important contre le mouvement féministe en Angleterre (berceau du féminisme moderne, selon plusieurs) et aux États-Unis. Il y a fort à parier que si l'on regarde les mêmes indicateurs au Québec et au Canada, le portrait émergeant de la situation n'est guère plus glorieux.

«The piece pointed out that the rape conviction rate in Britain has plummeted from 33% in the 70s to just 5.7% today, and that the 14,000 rapes reported each year are thought to be the tip of the iceberg - Solicitor General, Vera Baird, suggested that only 10%-20% of all cases are brought to the attention of the authorities. The article quoted a barrister called Kerim Fuad, who has represented many men accused of rape, and who admitted that he had been surprised by some "not guilty" verdicts - including those in which the plaintiff had sustained internal injuries. It alluded to an Amnesty International poll, conducted in 2005, which found that 26% of respondents thought that a woman was totally or partially responsible for being raped if she was wearing revealing clothing, and 30% thought she was totally or partially responsible if she was drunk.»

Voilà. J'ai depuis plusieurs années cette impression de la collectivité féministe comme un grand cercle, où les soeurs se tiennent par la main, s'épaulent, se regardent dans les yeux et se disent «encore un peu, on y arrive». J'ai longtemps senti que le cercle devenait plus grand, plus englobant, plus fort des appuis qui s'y ajoutaient. Le départ de Thérèse Ratelle, l'article du Guardian et mes propres constats en ce qui concerne la génération de ma fille me font craindre que le cercle est en fait en train de rapetisser, que ces géantes qui nous ont prêté leurs épaules pour que l'on soit plus grandes et que l'on ait une vue d'ensemble s'en vont... qui les remplace ?

2 commentaires:

Missmath a dit…

Je crois, comme toi et nous en avons dèjà discuté, que le cercle rapetisse. Et j'ai bien peur que ce soit de la faute des filles de ma génération qui avons cru que tout était gagné. Enfin, comme le disait Félix dans un autre contexte, laissons pas aller ça nous-autres !

Stéphanie Demers a dit…

C'est à recommencer, je crois...

à l'école d'abord, en choisissant des problématiques qui permettent de déconstruire le discours objectifiant les femmes et réduisant leur rôle à la sphère privée.

ça presse...