mercredi 9 juin 2010

Formation initiale des enseignants - le «Pourquoi» avant le «Comment»

Je suis à préparer une étude sur l'impact des approches démocratiques en enseignement universitaire. Ce faisant, je suis tombée sur un article qui expliquait l'approche de la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université de Moncton, engagée dans le renouvellement de ses programmes de formation des enseignants. Le processus par lequel les membres de cette faculté sont passés pour ce faire est particulièrement inspirante, dans la mesure où ils se sont d'abord questionnés sur la vision globale de la pédagogie qu'ils souhaitaient adopter pour guider leurs interventions éducatives et qu'ils souhaitaient voir transposée dans la pédagogie construite par les étudiants.

C'est un travail essentiel, qui assure non seulement cohérence dans la formation des enseignants, mais qui soutient ces derniers dans leur gestes transformateurs au sein des écoles. Le défi était de taille, selon les auteurs :
«Cette vision devait être assez englobante pour servir de cadre conceptuel et tenir compte d'enjeux multiples, assez flexible pour respecter une multitude de points de vue relatifs à l'apprentissage et à l'enseignement, assez précise pour permettre une synergie d'actions éducatives cohérentes et complémentaires, assez universelle pour intégrer de nouvelles valeurs sociétales et de nouvelles perspectives sur le changement en éducation, et assez mobilisatrice pour amener le corps professoral, les étudiants et les étudiantes, de même que les intervenants et les intervenantes partenaires à vouloir cheminer ensemble dans leur développement professionnel et à oeuvrer ensemble à améliorer le système éducatif. Il est évident qu'une telle vision de la pédagogie relève de l'idéal, voire de l'utopie. Nous pensons néanmoins qu'une vision de l'idéal en matière de pédagogie peut être mobilisatrice si elle intègre un certain nombre de valeurs universelles comme, par exemple, celles qui contribuent à l'épanouissement de la personne et à la construction d'un monde meilleur. » Je suggère que si l'on ne démarre pas un tel processus en se penchant sur l'idéal-type et sur le pourquoi de l'éducation et de la formation des enseignants, tout effort de renouvellement des programmes sera en vain et inefficace.

Le résultat de leurs efforts est la pédagogie actualisante, qui combine les approches autonomisantes sur le plan individuel et la pédagogie critique sur le plan collectif. Je m'y reconnais et y reconnais également un potentiel remarquable de transformation sociale. La cohérence semble particulièrement favorisée par cette approche, puisque les impératifs de la pédagogie critique requiert l'autonomie.

«Aux éléments socialisants de l'activité éducative en tant que processus de transmission culturelle, la pédagogie actualisante ajoute, en opposition dialectique, l'action éducative qui libère, responsabilise et rend l'élève autonome. Celui-ci, tout en apprenant à intégrer sa culture et à apprécier cet héritage qui lui est transmis, développe aussi son autonomie, c'est-à-dire d'une part, l'habileté à porter un regard critique sur les idées et les valeurs émises par sa culture et d'autre part, à prendre en charge sa propre destinée (FSE (1999, pp. 14-15)»

2 commentaires:

Missmath a dit…

Merci pour ce lien. Voilà qui commence bien mon été. Merci.

Stéphanie Demers a dit…

Il faut trouver des interstices là où elles existent ! C'est encourageant de voir une faculté aussi lucide de l'impact des approches pédagogiques