samedi 15 mars 2008

Quand le corps des femmes devient politique

Cette semaine, l'Action démocratique du Québec, ce groupe fascisant de sens commun, s'est opposé à l'augmentation de l'immigration au Québec. Dans un mépris évident pour ceux qui enrichissent nos communautés, Mario Dumont a clairement affiché, encore une fois, qu'il est un démagogue de la pire espèce et particulièrement dangereux pour l'avenir du Québec. Le lendemain de l'annonce de son opposition, l'ADQ proposait une nouvelle «revanche des berceaux» grâce à un bébé-bonus pour les troisièmes enfants. Comme ce parti ferme la porte à l'immigration, on peut deviner que les bébés que l'on souhaite seront «pur-laine» et bientôt enrôlés dans la Jeunesse dumontienne. Zig Heil !


Ainsi donc, nos utérus, nos vies sont réclamés pour servir la cause de la francophonie québécoise. Le corps des femmes devient à nouveau le champs de bataille politique. Inscrit sur nos corps et étouffant le contrôle qu'on peut y avoir, le souhait des Harper et Dumont de ce monde : La femme exclue de la sphère publique et enfermée dans la gynécée moderne de la sphère privée.

D'ailleurs, pour les femmes, la division entre les sphères publiques et privées, telle que reproduite dans tous les univers sociaux, risque d'encourager la construction d'une identité féminine où le soi est défini de façon déséquilibrée, privilégiant les relations interpersonnelles par dessus la participation active et le développement de l'autosuffisance (Barnett, Biener et Baruch, 1996).

Dans la vision du monde de ces hommes qui nous enferment, d'emblée, la séparation du public et du privé sous-entend que les capacités féminines, si utiles dans le domaine privé, sont inférieures ou mésadaptées dans le domaine public. La sphère domestique est perçue comme étant expressive, émotive et maternelle, alors que la sphère publique est instrumentale, compétitive et rationnelle. Les exigences de la maternité font en sorte que les femmes sont socialisées dans le but de développer la capacité et le besoin de contacts interpersonnels intimes, alors que les hommes développent les capacités et le besoin d'autonomie et d'instrumentalité.

De plus, toujours selon cette vision, Il n’y a pas de réalité féminine dans notre conception des structures de pouvoir, il y a une réalité humaine qui est réduite à celle de l’homme blanc l’occidental puisque c’est lui qui détient le monopole de l’analyse rationnelle et, par conséquent, de la compréhension des phénomènes sociaux. Ainsi, les Dumont de ce monde proposent des solutions qui feront l'affaire de ces messieurs qui gardent la mainmise sur la sphère publique.

Il faut répondre aux problèmes sociaux de façon globale, nous dit-on, puisque c’est ainsi que l’on peut rejoindre la collectivité. Pour ce faire, on se base sur un sujet qui est la norme, soit l’homme blanc de classe moyenne. Les Autres n’existent pas : « somewhere in the presentation of male reality and male perspectives as the totality of human experience, women have ceased to exist in a serious and visible way. » (Thompson, 1997 : 29) « Women have become marginal to the general concerns of human existence, which is in fact male existence. » (Thompson, 1997 : 30).

J'en ai marre et je dis que c'est assez.

Vous voulez plus d'enfants au Québec ? Alors ouvrez la porte à ces familles au précipice de la famine, de la violence répressive, d'une vie indigne et douloureuse. Ouvrez la porte aux femmes meurtries, pourchassées, brûlées, lapidées, réduites à une nonexistence par vos confrères. Ouvrez-leur la place en priorité, avant ces riches que vous privilégiez pour leur contribution monétaire plutôt qu'humaine.

Transformez la société québécoise pour qu'elle soit humaine, emplie de compassion et ouverte à la contribution de toutes et tous.

9 commentaires:

Jean Trudeau a dit…

Bonjour. Ça va?

J'espère que vous avez retrouvé la sérénité indispensable à toute pédagogie critique; sinon, prenez une grande respiration avant de lire ce qui suit... ;-)

La lecture de votre billet m'a laissé pour le moins perplexe. Peut-être parce que tout à fait par hasard je suis de ces hommes blancs de classe moyenne... -- et père par surcroît -- qui nous enferment..., ces hommes que vous pourfendez à grand renfort de références irréfragables. À moins que ce ne soit à cause de la chance-au-coureur que je suis porté à laisser à ces adéquistes que vous qualifiez sans ambages de « groupe fascisant de sens commun » (Wow! Zig quoi?). Ou encore à cause de ces relents du discours des féministes enragées du temps de la révolution dite tranquille : « ...nos utérus réclamés pour servir la cause... le corps des femme, champ de bataille politique... la femme exclue et enfermée... »

En vous lisant, j'ai comme d'autres de mon espèce ressenti un certain malaise; mais si je suis demeuré perplexe, c'est pour une toute autre raison. Une raison, disons, de pédagogie critique. L'omission que vous faites de l'enfant. L'enfant dont je ne vois pas trace dans votre théorème à deux postulats.

Mais où est donc la place de l'enfant dans ce monde équitable auquel vous nous conviez? Devrait-il lui aussi naître et grandir dans la sphère publique pour développer ses capacités et son besoin d'autonomie et d'instrumentalité, dans cette sphère publique où son soi ne risquerait pas d'être défini de façon déséquilibrée, privilégiant les relations interpersonnelles par dessus la participation active et le développement de l'autosuffisance?

Stéphanie Demers a dit…

Bonjour à vous

le billet que j'ai formulé était à l'intention des défenseurs du patriarcat, pas à celle des hommes qui souhaitent l'émancipation humaine pour toutes et tous. J'ai trois fils, je crois fortement et sans conteste que les hommes et les femmes doivent travailler ensemble pour se libérer ensemble.

Je ne donne aucune chance aux adéquistes. Zéro. Ma formation en histoire me met en garde contre ses discours, ses pensées magiques et inconscientes.

Quant aux féministes enragées, je trouve que ce terme est méprisant. La rage des femmes est une rage contre l'oppression, et elle est légitime. Je vous invite à consulter le site Sisyphe, où vous trouverez entre autres des textes écrits par des hommes sur les gynécides quotidiens dans le monde et au Québec. http://www.sisyphe.org/rubrique.php3?id_rubrique=6

Au 6 décembre 2006, plus de 815 femmes et enfants ont été tué-e-s par un homme (ou par un inconnu) au Québec depuis le 6 décembre 1989.

Vous pensez que je ne pense pas aux enfants ?

Les références que je présente sont issues justement d'une recherche que j'ai menée auprès d'élèves du secondaire. Les enfants sont au centre de tout ce que je fais et de ce que je crois. J'en ai quatre ! Mais contrairement aux adéquistes, c'est une place pour tous les enfants que j'exige, peu importe leur origine. Le monde ne manque pas d'enfants, M. Trudeau... le monde manque de compassion pour les enfants des Autres.

Anonyme a dit…

Précision.
Je ne pense pas que vous ne pensez pas aux enfants... Votre blogue en témoigne éloquemment. Simplement que dans CE billet, vous omettez de dire la place que devrait avoir l'enfant dans l'une ou l'autre des sphères 'enfermantes'.

S.V.P., ne pas confondre 'féministes enragées' (aux paroles souvent méprisantes, justement) et féministes engagées (dont les actions témoignent d'une grande humanité et dont vous êtes, visiblement).

cabachand a dit…

Plusieurs partisans silencieux de l’ADQ semblent en effet complètement nier la réalité, être aveugles aux assises mêmes du discours adéquiste. Il est pourtant bien évident que ce que craignent les militants de ce parti, c’est un Québec où le maintenant légendaire « Québécois de souche » serait en position de minorité. Leur discours témoigne de cette crainte de l’autre comme agent contaminant de notre culture. Pourtant, lorsqu’est venu le temps de nous présenter ce qu’était la mythique culture québécoise qu’il était si vital de préserver, ils furent incapables de présenter quelque idée que ce soit si bien que, malgré leurs hauts cris qu’ils poussèrent pour un comité d’enquête sur les « accommodements raisonnables », ils ne furent même pas en mesure de présenter un mémoire qui illustre leurs idées (s’il en est!).

Devant cette crainte de l’autre et cette incapacité à présenter quelque analyse pertinente de la réalité que ce soit, les adéquistes se tournent vers la traditionnelle solution des nationalistes conservateurs : fermer les frontières, crier leur dégoût des immigrants et mobiliser la « nation » dans un élan procréateur qui devra assurer son salut. Comme ailleurs et comme jadis, les femmes sont donc sommées de procréer pour la nation! N’en déplaise à ces militants, l’expression « mobiliser les utérus » semble en ce sens tout à fait justifiée!

Cette crainte de l’immigration pour la « survie de la nation » expliquent plusieurs des positions de l’ADQ. Bien entendu, leurs militants tentent parfois de justifier leurs positions anti-immigrants en lançant les cris de la droite nationaliste de partout et de tout temps : « On importe du chômage ». Ce bon vieux précepte qui fait craindre à tous les « voleurs de jobs », les maladies ou même les mœurs sexuelles des « étrangers » était présent dans tous les discours de la droite conservatrice du XXe siècle. La droite du XXIe siècle n’étonne personne en se nourrissant à la même source. Peu importe que les chiffres du ministère de l’Immigration du Québec donnent tort sur toute la ligne aux tenants de ces idées!

Peu importe qu’entre 2002 et 2006, 60,2% des immigrants du Québec ont été admis pour des raisons économiques (donc parce qu’ils présentaient un avantage économique pour le Québec par les sommes qu’ils apportaient ou les savoirs qu’ils avaient — On pourrait même dire que l’immigration permet au Québec de piller les pays les plus pauvres du monde en leur enlevant les citoyens qu’ils ont formés à leurs frais!) alors que seuls 16,4% de ceux-ci était considéré comme des réfugiés!

Peu importe aussi que les règles du ministère de l’Immigration stipulent que « Les candidats travailleurs sont sélectionnés par le Québec en fonction de leur formation, de leur expérience de travail, de leur âge, de la connaissance de la langue française et de leur capacité d’adaptation socioéconomique. Les aptitudes professionnelles du candidat doivent correspondre aux possibilités d’emploi existantes dans le marché du travail du Québec ou représenter un potentiel élevé d’adaptation et de mobilité professionnelle. Le candidat doit aussi disposer d’une somme suffisante pour subvenir à ses besoins et à ceux des membres de sa famille qui l’accompagnent pendant au moins les trois premiers mois de leur installation au Québec. » (http://www.immigration-quebec.gouv.qc.ca/fr/biq/vienne/immigrer-travailler.html )

Je termine en rappelant que l’argument selon lequel les féministes n’auraient jamais à cœur ou même à l’esprit le développement des enfants est d’un mépris sans nom! Cette notion du « qui s’occupera des enfants » est, lui aussi, présent dans le discours de la droite depuis au moins 100 ans! Elle ne cherche en fait qu’à faire taire les femmes en leur montrant leur « vraie place ». Comme si le pouvoir des femmes, la place qu’elles doivent prendre dans la sphère publique devait par définition nuire à la famille! Trop longtemps, les femmes ont été cantonnées à la sphère privée, cette sphère où le pouvoir des femmes se limite au choix des couleurs des murs. Le réel pouvoir se trouve dans la sphère publique, cette sphère que l’on tente par tous les moyens de réserver aux hommes blancs occidentaux (combien de députés autochtones, combien de ministres femmes, combien de Musulmans, combien d’enfants — pourquoi pas!?! — dans la sphère publique?).

L’opposition entre sphères privée et publique existe depuis des siècles en Occidents. Les études féministes illustrent bien cette réalité et les conséquences de celle-ci. Il est par ailleurs tout à fait possible de juger de son existence encore aujourd’hui par ces publicités où l’on voit de jeunes femmes en sous-vêtements sur un lit (le pouvoir de ces femmes?) ou dans les magnifiques chèques que nous remet le gouvernement Harper à tous les moins pour nos enfants de moins de 5 ans (inutile de créer des places en garderie, maman restera à la maison!).

cabachand a dit…

À M. Trudeau,

Et pourtant, vous parliez bien de féministes enragés dans votre premier commentaire. Existe-t-il des humanistes enragés ou des pacifistes enragés?

Et puis, il est une différence entre la rage (qui est une maladie fort dangereuse, on s'en souvient peut-être) et la colère. Devant la situation des marginalisés de par le monde, humblement, je crois que nous ayons le devoir d'être en colère!

bien à vous,

C.-A.

Missmath a dit…

Ce billet me perturbe depuis samedi. En fait, j'y ressens le même malaise que lors de la tuerie de la Polytechnique, mais avec la petite sauce "accommodement raisonnable" qui vient avec. Je m'explique, car je ne me comprends pas moi-même.

Je me souviens très bien du 6 décembre 1989. C'est évidemment une date qui a marqué tous les universitaires en sciences ou en sciences appliquées. J'y ai vu des étudiants complètement démolis, en pleurs pendant leurs examens finaux. Mes amis ingénieurs étaient complètement bouleversés. Il n'a pas fallu attendre longtemps pour que le mouvement féministe y voit la démonstration de la menace et de la violence des hommes sur les femmes. Marc Lépine n'était pas un individu malade ou un cas isolé, il devenait pour ainsi dire le porte-parole de tous les hommes québécois. Cela me dérangeait beaucoup, car, comme les "filles de la Poly", jamais dans mon monde de gars, je n'ai vécu ce sexisme, tout le monde faisait la vaisselle et sortait les poubelles. Pour moi, ce discours féministe enragé était totalement dépassé.

Cela est d'autant plus vrai quand on côtoie de près d'autres cultures que l'on croit ressembler à la nôtre. On voit alors tout le chemin qui a été fait dans le partage des tâches familiales au Québec.

Par contre, lorsque pendant la commission Bouchard-Taylor, je suis restée coincée pendant plusieurs heures sur l'autoroute à Montréal et que j'ai pu à loisir regarder les immenses panneaux publicitaires de lingerie avec des filles plus déshabillées les unes que les autres, le panneau annonçant une boutique érotique avec des pitounes équipées pour veiller tard ou l'autre d'une boîte de nuit annonçant la largeur maximale autorisé de l'arrière-train féminin, j'ai eu un choc terrible. Eh oui, j'arrivais en ville, comme on dit. Si l'immigrant n'a que ça comme image de notre société, pas étonnant qu'il réclame des femmes gynécologues et des hommes policiers !

Ces affiches n'auraient pas été tolérées il y a 20 ans. Comment se fait-il qu'elles le soient maintenant ? Peut-être parce que les filles de ma génération ont fermé les yeux tout ce temps, croyant que la partie était gagnée.

Aussi, quand toi, Stéphanie, si maternelle, maman de 4 enfants bien éduqués et stimulés, tu parles ainsi d'utérus comme si on était en 1960, je suis surprise. Penses-tu sérieusement que c'est le chèque du gouvernement qui donne le goût de faire un troisième enfant ? Peut-être pour les couples qui sont sur le point de céder à la tentation, mais pas pour ceux qui n'envisagent pas l'heureux événement.

Par contre, je n'ose pas te contrarier, car si jamais on retournait à cette vision féminine utérine, je serais bien découragée d'avoir été si naïve et bernée toute une vie !

L'autre réflexion que j'ai eu suite à la lecture de ton billet est épouvantable : Y a-t-il de la place pour les enfants au Québec ?

Longue liste d'attente dans les CPE, écoles qui tombent en ruine et manque de ressources, pas de place pour les ados, pas de vie sociale ou de quartier, le chacun pour soi... il me semble que ce n'est pas ce qu'il y a de mieux pour les enfants. Qui se sent responsable des enfants de son quartier ? De sa rue ? De ses voisins ? De sa famille ? J'espère que l'immigration dont nous avons besoin saura nous ramener l'importance de la communauté et de la solidarité.

Stéphanie Demers a dit…

Missmath

Pour comprendre mon billet, il faut reculer assez loin pour avoir une vision macroscopique. Tu as raison, les tâches ménagères sont de plus en plus partagées (toujours pas équitablement, mais l’écart ne se situe qu’à environ 8 heures par semaine de plus de tâches pour les femmes, en moyenne). Si tu n’as pas perçu de sexisme lors de tes études, c’est tant mieux. Mais il est là, il est hégémonique (c’est-à-dire qu’on consent à son existence par le biais des manipulations du patriarcat).

Si les féministes se sont senties particulièrement mobilisées suite à la tuerie de la poly, c’est parce que Lépine a tué ces femmes parce qu’elles étaient femmes. Pas d’autres raisons. Elles sont femmes, elles méritent de mourir. Le site Sysiphe.org recense le nombre de femmes tuées par des hommes parce qu’elles étaient femmes. C’est énorme.

Féministe, je le suis depuis que j’ai conscience de l’existence du patriarcat. Je le suis parce que je dois le sens de ma féminité à celles que l’on qualifie aujourd’hui de «féministes enragées» qui ont brisé tant de barrières, qui l’ont fait à grands coûts pour elles-mêmes. Le terme même de cette expression exprime une nature animale, pathologique chez celles qui travaillent contre leur oppression et celle de leurs sœurs. C’est méprisant. Nous ne sommes pas enragés, nous éprouvons une colère légitime. Quand je vois les petites filles du secondaire se faire appeler «yo bitch» par leur chum, projeter l’apparence d’être moins qu’elles ne le sont vraiment pour ne pas intimider les garçons (ce comportement est très bien documenté dans une pléthore de recherches), s’habiller en «sexy kitten», j’éprouve cette colère, mais elle n’est que le début. Parce qu’après, lorsque j’analyse les fondements de ces phénomènes, j’y vois la construction CONSCIENTE d’un effort pour faire de la femme un objet d’exploitation, un objet de séduction, niant ainsi son humanité.

Si les gens en marketing se servent si savamment du corps de la femmes (fragmenté, coupé en morceaux comme une pièce de viande- ici les fesses, là le buste, plus loin le nombril), c’est parce que le discours patriarcal est bien intégré. Non seulement la femme n’est plus entière, mais son utilité est sexuelle ou maternelle. Pourquoi ? Parce que si les femmes intériorisent que leur rôle est de plaire, de gratifier l’autre, d’orner les pancartes et la chambre à coucher, elles intériorisent ainsi leur place sociale comme relevant du privé. Les hommes qui s’opposaient au vote des femmes le disaient bien : « En vain prétend-on que l’égalité civile accordée à la femme a pour conséquence nécessaire son émancipation politique. C’est méconnaître absolument le rôle de la femme dans l’humanité. Destinée à la maternité, faite pour la vie de famille, la dignité de sa situation sera d’autant plus grande qu’elle n’ira point la compromettre dans les luttes de forum et dans les hasards de la vie publique. » Et du sénateur Alexandre Bérard en 1919, sur plusieurs propositions de loi tendant à accorder aux femmes l’électorat et l’éligibilité, « Les mains des femmes sont-elles bien faites pour le pugilat de l’arène publique ? Plus que pour manier le bulletin de vote, les mains de femmes sont faites pour être baisées, baisées dévotement quand ce sont celles des mères, amoureusement quand ce sont celles des femmes et des fiancées :... séduire et être mère, c’est pour cela qu’est faite la femme. »

Ce discours peut te sembler vieux, mais reviens aux exemples des petites filles à l’école, des pancartes, aux blagues de blondes, à la façon dont les rares femmes en politique sont souvent l’objet de commentaires sur leurs vêtements, leur apparence physique, sur la mode des cours de «pole dancing», sur les annonces des mamans qui s’occupent de toute la famille et qui ont une maison impeccable, qui soignent tous les maux, regarde la proportion de femmes chez les plus démunis, dans les emplois précaires, dans les emplois d’une sphère plus privée (ou maternelle) que publique (infirmières, éducatrices en service de garde, enseignantes au primaire), sur l’usage du terme «enragée» pour celles qui s’opposent à cet état de chose et tu vois que le discours est devenu implicite, qu’il n’a plus besoin d’être énoncé. Les femmes en position de pouvoir ou d’influence ? Une exception.

Les bébés-bonus ont déjà, statistiquement, stimuler la croissance du taux de fécondité des femmes au Québec. Il est indéniable que de dire aux couples qu’ils recevront de l’aide financière pour un troisième enfant va en convaincre certains de s’y lancer. Mais l’odieux du discours de Dumont, c’est que la survie du Québec francophone passe par la fécondité des femmes. On n’incite pas les femmes à participer à la vie politique, on n’écoute pas leurs revendications pour des places en garderies, pour des conditions de vie humaines, pour une réelle équité. On les incite à avoir des enfants.

Stéphanie Demers a dit…

Une soeur qui est tout aussi estomaquée que son féminisme choque

http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2924

Missmath a dit…

Triste, triste que tout cela et en plus, il pleut.

Je vous envie de garder l'énergie pour combattre. J'avoue être bien découragée.

Heureusement, il y a la géométrie.