jeudi 28 février 2008

La preuve de notre échec collectif

En Californie, un garçon de 14 ans est tué de deux balles à la tête, à l'intérieur de sa salle de classe, par un collègue de classe. La raison ? La victime était homosexuel ...

Il a survécu à la violence familiale (il vivait dans un centre pour enfants violentés) pour se faire abattre si lâchement pour sa différence.


«Nationwide Vigils for Gay Teen Slain in Apparent Hate Crime

Back in the United States, candlelight vigils continue across the country for a gay teenager murdered in an apparent hate crime. Fourteen-year-old Lawrence King of Oxnard, California was declared brain-dead on February 13th, one day after a classmate shot him twice in the head during a morning class. The suspect, fourteen-year-old Brandon David McInerney, has been charged with murder and a hate crime. Students at the school say King was often taunted over his sexuality. McInerney and other male students had apparently confronted him on other occasions. King was living in a shelter for abused and troubled children at the time of his murder. A memorial website has been established at rememberinglawrence.com.»
Democracy now ! (www.democracynow.org)

C'est vraiment dire que l'on est incapable d'apprendre à être humain. C'est comme la goutte de trop ... je me retiens à peine de sombrer dans le cynisme et la misanthropie.

Il faut raconter ça aux élèves, il faut définir l'horreur avec eux, il faut leur faire voir l'absurdité de ce qu'on est devenu

Quand j'enseignais au secondaire, je disais à mes élèves que s'ils ne sortaient pas de mes classes enragés et armés d'au moins une idée pour agir, je n'avais pas fait mon travail. Je n'enseigne plus au secondaire, alors j'écris ce billet dans l'espoir que quelqu'un d'autre va entamer cette discussion avec les jeunes.

Pour que je ne sombre pas totalement dans le cynisme que j'essaie de garder loin...

«Well the darkness has a hunger that's insatiable
and the lightness has a call that's hard to hear..
.» Indigo Girls, Closer to Fine

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir Stéphanie,

L’événement que vous rapportez est épouvantable… On ne s’explique pas une telle violence. Cependant, je ne crois pas que cet événement soit la preuve de notre échec collectif. Il reste bien entendu beaucoup de travail à faire. Mais il s’en fait du travail dans les écoles et il y a des progrès. Des progrès notables.

Pour le travail qui se fait. Par exemple, dans l’école où je sévis, chaque année, nous recevons des intervenants du GRIS-Montréal qui viennent rencontrer de nos élèves en classe pour démystifier l’homosexualité. Nous ne sommes pas les seuls à profiter de leur volet intervention. Selon le Gris-Montréal, en 2006-2007, environ 21 000 jeunes ont été rencontrés, plus de 90 000 depuis 1994 (source).

Pour les progrès. Je m’impose toujours une très grande réserve quant à ce qui se passe dans mon école lorsque je publie sur le Web. Je me contenterai donc seulement de vous dire que, globalement, je suis fier des progrès qui ont été réalisés au cours des… disons 10 dernières années.

L’événement que vous nous rapportez m’incite à continuer le travail déjà entrepris.

Notre milieu scolaire, réforme ou pas, fait du très bon boulot beaucoup plus souvent qu’on ne le dit habituellement.

Stéphanie Demers a dit…

Il ne faudrait pas croire que j'attribue cet échec à la simple institution scolaire qui n'est pas l'équivalent de l'école, pour moi. L'école dépasse les murs et quand je parle du collectif, je parle de la société entière. Nous sommes, comme le disait si bien Saint-Exupéry, responsables de tous. La pierre qui fait achopper les autres autant que ceux qui l'enlevons du chemin afin que le trajet soit moins pénible.

Pour qu'il y ait autant de haine née d'autant d'ignorance et d'absence de compassion, c,est que nous avons TOUS échoué. Et je ne sais pas pour vous, mais je le porte lourdement ...

Anonyme a dit…

Stéphanie,

Je ne prétends vous dicter la manière dont vous devriez assumer votre éthique sociale. Ce serait vraiment… d’une incroyable outrecuidance. Pour ma part, tout en préservant ma sensibilité à l’égard de l’autre et tout en maintenant cette conscience de ma responsabilité personnelle, je préfère mettre l’accent sur les efforts consentis et les progrès réalisés. Le fardeau m’est moins lourd et il m’est plus facile de maintenir ma motivation intacte.

C’est également, du moins en ce qui me concerne, un excellent antidote au cynisme et à la misanthropie. Deux postures auxquelles je ne souhaite pas céder.