dimanche 24 février 2008

une alternative à la citoyenneté qui dérape



Ce modèle nous vient d'Éthier et Lefrançois (2007), un article incontournable qui sera bientôt un pivot de l'éducation à la citoyenneté.


Nul doute que vous aurez deviné que ni la citoyenneté libérale, ni la citoyenneté républicaine ne peuvent satisfaire à la pédagogie critique.

Il existe d'autres modèles, qui offrent plus de promesses de transformation sociale, politicoénonomique. Le modèle délibératif renvoie au modèle de la démocratie athénienne, où tous les citoyens sont formés pour participer aux délibérations de l’Ecclésia et aux institutions telle la Boulè et l’Héliée, instances législative et juridique du système athénien (Pagé, 2001). Il inclut la dimension juridique du modèle libéral, mais y ajoute en premier lieu la dimension politique, qui s’articule dans la connaissance et l’exercice des valeurs et des principes à la base de la démocratie participative, ainsi que des occasions et des moyens de participation sociale (Éthier et Lefrançois, 2007). Dans cette conception la dimension politique est analogue à la vision de Rousseau, c’est-à-dire que «…la participation politique est vue comme la possibilité qu’ont les citoyens appartenant à des groupes particuliers différents de défendre leurs convictions et leurs intérêts, mais en les subordonnant à la perspective de contribuer à la décision collective.» (Pagé, 2002 : 128-129) Pour Constant (1998), la citoyenneté ainsi conçue est comme un ensemble de rôles sociaux liés à la participation active à la vie de la cité, soit une action politique où le citoyen s’engage à délibérer et à agir dans les affaires politiques de la cité dans le but d’agir sur le pouvoir et sur sa structure.

Dans une perspective de société en mutations, seule la délibération citoyenne permet à la structure sociale de s’autocorriger via l’implication des divers groupes (exclus ou marginalisés) véritablement inclus dans les processus démocratiques (Habermas, 2000). Une éducation à la citoyenneté délibérative est donc porteuse de potentiel transformateur.

3 commentaires:

Jean Trudeau a dit…

« La citoyenneté délibérative [...] requiert des occasions et des moyens de participation sociale. »

Nos élus majoritairement 'libéraux et républicains' n'ont pas tendance à créer ces occasions et à offrir ces moyens; au contraire, c'est plutôt la culture sécurisante et sécurisée du toé-tais-toé-c'est-moé-qui-mène qui prévaut dans bien des milieux. Il s'ensuit des affrontements et des batailles de pouvoir absolument inutiles et stériles, ce qui laisse le chemin libre aux injustices, aux disparités grandissantes et au chacun-pour-soi.

Et, malheureusement, l'école publique - consciemment ou inconsciemment - reproduit ce 'patern' plutôt que d'éduquer à la citoyenneté délibérative en offrant aux élèves « des occasions et des moyens de participation sociale ».

L'absence d'une citoyenneté délibérative réelle explique en grande partie la méfiance populaire face aux politiciens et la faible participation des citoyens aux élections scolaires et municipales, qui en ont marre de la démocratie quinquennale.

Stéphanie Demers a dit…

Je suis entièrement d'accord avec toi. Ce qui est prometteur, toutefois, c'est le potentiel du socioconstructivisme d'établir ces mêmes occasions délibératives dans la recherche de solutions à des situations-problèmes ancrées dans la vie des élèves. Le lien entre l'approche pédagogique et le type de citoyenneté prônée est on-ne-peut-plus étroit. L'article d'Éthier et Lefrançois à ce sujet est très exhaustif (voir dans le menu des lectures).

Anonyme a dit…

Merci pour la référence. D'autant plus qu'une version PDF de cet article important est accessible en ligne (http://mje.mcgill.ca/article/download/2393/1849).