J'espère que les Québécoises et Québécois ont été nombreux à écouter l'excellent reportage d'Anne Panasuk à Radio-Canada portant sur le redoublement et son alternative vivement plus intelligente, la différenciation pédagogique. Les enseignantes présentées dans le reportage étaient ravies d'avoir pris le virage de la différenciation, la direction de la Commission scolaire (des Affluents, si je ne m'abuse, mais corrigez-moi si j'ai tort) était décidée et rigoureuse dans sa démarche qui étaient appuyée des recherches scientifiques qui démontrent depuis des décennies que LE REDOUBLEMENT N'A AUCUN EFFET POSITIF ET EST UN DÉTERMINANT MAJEUR DES DIFFICULTÉS D'ADAPTATION PSYCHOSOCIALE.
Aussi vraiment intéressant dans le reportage, l'analyse d'un chercheur qui expliquait que les pays qui pratiquent le plus le redoublement sont des pays à forte tradition catholique (il a nommé la France, la Suisse, l'Italie, entre autres)
hum... vestiges des Jésuites et de leur régulation sociale ?
Déniché sur le site de la CS des Affluents
«Les écoles qui ont un taux élevé de redoublement sont de tendance plus bureaucratique et les enseignants semblent travailler plus isolément. Il semble aussi que le redoublement de la maternelle (ou d'un autre niveau) est un avantage pour l'enseignant de 1re année (ou d'un niveau supérieur donné) et que le renvoi à un niveau inférieur est aussi une pratique de cette tendance.
«Certains élèves ne maîtrisant pas tous les objectifs de la classe précédente posent, aux yeux des enseignants qui les reçoivent, des difficultés encore plus grandes lorsqu'elles ou ils sont promus. Dans certains milieux, on reproche même aux collègues leur manque de rigueur lorsqu'ils donnent une «chance au coureur» en autorisant le passage d'un élève en difficulté à la classe supérieure. La crainte d'être qualifiés d'enseignants trop permissifs peut influer sur les décisions relatives au passage ou au classement». (1)
Au contraire, dans les écoles où le taux de redoublement est faible, les enseignants collaborent avec les autres et tiennent davantage compte des différences individuelles. Ils suscitent davantage la participation des parents et des autres ressources humaines pour jouer un rôle de tuteur auprès des élèves qui ont certaines difficultés.»
Autre preuve concrète que l'approche démocratique et collaborative l'emporte sur la hiérarchie (lire à ce sujet les excellents articles de Gustvsen et de Pasmore sur l'effet de la bureaucratie et de la hiérarchie sur l'organisation du travail et sur les travailleurs, dans Reason et Bradbury (2006). Handbook of Action Research).
Sources citées
Ministère de l'Éducation du Québec, Les pratiques du redoublement à l'école primaire : document de travail, 1994, p. 38
jeudi 22 mai 2008
de retour
... d'une longue absence peuplée de corrections de travaux, de ma propre fin de session et de la compagne électorale de Bill Clennett de Québec solidaire (3e place ... attachez-vos tuques, on s'en vient !)
C’est avec consternation et grande déception que j’ai lu la description du baccalauréat en enseignement au primaire dans les pages de La Presse dernièrement. Je ne peux m’empêcher de m’interroger quant aux motifs qui poussent tant de journalistes à s’acharner sur les enseignantes et enseignants québécois comme boucs émissaires de tous les maux de la société. On critique la qualité de leur français, leur formation, leurs gestes professionnels et j’en passe. Aucune profession ne subi autant d’ingérence de la part du public.
Pourtant, ces hommes et ces femmes passent des heures avec nos enfants chaque semaine. Ils leur ouvrent les yeux sur le monde, leur offrent accès à la langue écrite et à la culture, encouragent leurs élans créatifs, leur enseignent la résolution de conflit. Au primaire, c’est plus de 6 heures par jour que passent les enseignantes avec nos enfants et elles font un travail remarquable. Au cours des derniers mois, mon fils de 5 ans m’a expliqué ce qu’était une hypothèse, comment les vaches fabriquaient le lait, comment les vertèbres de son dos lui permettaient de bouger, ce qu’était un coccyx, comment mémoriser les mots savants avec des mnémotechniques, quelle était la contribution des quatre groupes alimentaires à la santé de son corps et à sa croissance, entre autres. Il m’a entretenue de la culture et de la technologie autochtone, il a entrepris d’apprendre à lire et à écrire seul, dans sa chambre.
Pourquoi est-il si éveillé ? C’est grâce à Madame Marie-France, son enseignante, qui dévoue ses journées (et un nombre effroyable d’heures de planification à la maison, j’en suis convaincue) à faire du monde de mon enfant un monde stimulant, qui regorge de découvertes et de merveilles et qui font de lui une personne convaincue de ses forces, conscient de ses défis et prêt et encouragé à les surmonter. Son vocabulaire est rehaussé, contrairement à ce que nous font croire les médias quant à la qualité du français dans les écoles.
Je côtoie également les enseignantes en formation, en tant que chargée de cours au baccalauréat à l’université. Quand j’ai pris connaissance de votre article, je me suis demandée comment ces étudiantes faisaient pour persévérer face à tant de mépris. C’est qui est le plus dérangeant, c’est que les reproches qui sont formulés à l’égard de leur formation et de leurs compétences relèvent d’anecdotes et d’interprétations de sens commun. Il est faux d’avancer que le baccalauréat en enseignement s’obtient sans effort. Je suis témoin au quotidien du travail acharné des étudiants, de leurs réflexions profondes sur le sens et les conséquences de tous leurs gestes en classe et dans les relations avec tous les intervenants du milieu, de leur analyse et interprétation de théories, d’écoles de pensée, de politiques et programmes ministériels de toutes sortes. Ces efforts, de plus, sont déployés dans le but de pratiquer une profession dévalorisée et même méprisée par l’opinion publique. Pour passer des heures avec nos enfants, pour ouvrir leurs horizons, soigner leurs blessures, consoler leurs chagrins, leur faire comprendre leur potentiel illimité, en faire de meilleures personnes.
J’attends avec impatience les moments où seront publiés les articles qui présentent les enseignantes et les enseignants comme les gens dévoués, brillants et complexes qu’ils sont.
C’est avec consternation et grande déception que j’ai lu la description du baccalauréat en enseignement au primaire dans les pages de La Presse dernièrement. Je ne peux m’empêcher de m’interroger quant aux motifs qui poussent tant de journalistes à s’acharner sur les enseignantes et enseignants québécois comme boucs émissaires de tous les maux de la société. On critique la qualité de leur français, leur formation, leurs gestes professionnels et j’en passe. Aucune profession ne subi autant d’ingérence de la part du public.
Pourtant, ces hommes et ces femmes passent des heures avec nos enfants chaque semaine. Ils leur ouvrent les yeux sur le monde, leur offrent accès à la langue écrite et à la culture, encouragent leurs élans créatifs, leur enseignent la résolution de conflit. Au primaire, c’est plus de 6 heures par jour que passent les enseignantes avec nos enfants et elles font un travail remarquable. Au cours des derniers mois, mon fils de 5 ans m’a expliqué ce qu’était une hypothèse, comment les vaches fabriquaient le lait, comment les vertèbres de son dos lui permettaient de bouger, ce qu’était un coccyx, comment mémoriser les mots savants avec des mnémotechniques, quelle était la contribution des quatre groupes alimentaires à la santé de son corps et à sa croissance, entre autres. Il m’a entretenue de la culture et de la technologie autochtone, il a entrepris d’apprendre à lire et à écrire seul, dans sa chambre.
Pourquoi est-il si éveillé ? C’est grâce à Madame Marie-France, son enseignante, qui dévoue ses journées (et un nombre effroyable d’heures de planification à la maison, j’en suis convaincue) à faire du monde de mon enfant un monde stimulant, qui regorge de découvertes et de merveilles et qui font de lui une personne convaincue de ses forces, conscient de ses défis et prêt et encouragé à les surmonter. Son vocabulaire est rehaussé, contrairement à ce que nous font croire les médias quant à la qualité du français dans les écoles.
Je côtoie également les enseignantes en formation, en tant que chargée de cours au baccalauréat à l’université. Quand j’ai pris connaissance de votre article, je me suis demandée comment ces étudiantes faisaient pour persévérer face à tant de mépris. C’est qui est le plus dérangeant, c’est que les reproches qui sont formulés à l’égard de leur formation et de leurs compétences relèvent d’anecdotes et d’interprétations de sens commun. Il est faux d’avancer que le baccalauréat en enseignement s’obtient sans effort. Je suis témoin au quotidien du travail acharné des étudiants, de leurs réflexions profondes sur le sens et les conséquences de tous leurs gestes en classe et dans les relations avec tous les intervenants du milieu, de leur analyse et interprétation de théories, d’écoles de pensée, de politiques et programmes ministériels de toutes sortes. Ces efforts, de plus, sont déployés dans le but de pratiquer une profession dévalorisée et même méprisée par l’opinion publique. Pour passer des heures avec nos enfants, pour ouvrir leurs horizons, soigner leurs blessures, consoler leurs chagrins, leur faire comprendre leur potentiel illimité, en faire de meilleures personnes.
J’attends avec impatience les moments où seront publiés les articles qui présentent les enseignantes et les enseignants comme les gens dévoués, brillants et complexes qu’ils sont.
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