... d'une longue absence peuplée de corrections de travaux, de ma propre fin de session et de la compagne électorale de Bill Clennett de Québec solidaire (3e place ... attachez-vos tuques, on s'en vient !)
C’est avec consternation et grande déception que j’ai lu la description du baccalauréat en enseignement au primaire dans les pages de La Presse dernièrement. Je ne peux m’empêcher de m’interroger quant aux motifs qui poussent tant de journalistes à s’acharner sur les enseignantes et enseignants québécois comme boucs émissaires de tous les maux de la société. On critique la qualité de leur français, leur formation, leurs gestes professionnels et j’en passe. Aucune profession ne subi autant d’ingérence de la part du public.
Pourtant, ces hommes et ces femmes passent des heures avec nos enfants chaque semaine. Ils leur ouvrent les yeux sur le monde, leur offrent accès à la langue écrite et à la culture, encouragent leurs élans créatifs, leur enseignent la résolution de conflit. Au primaire, c’est plus de 6 heures par jour que passent les enseignantes avec nos enfants et elles font un travail remarquable. Au cours des derniers mois, mon fils de 5 ans m’a expliqué ce qu’était une hypothèse, comment les vaches fabriquaient le lait, comment les vertèbres de son dos lui permettaient de bouger, ce qu’était un coccyx, comment mémoriser les mots savants avec des mnémotechniques, quelle était la contribution des quatre groupes alimentaires à la santé de son corps et à sa croissance, entre autres. Il m’a entretenue de la culture et de la technologie autochtone, il a entrepris d’apprendre à lire et à écrire seul, dans sa chambre.
Pourquoi est-il si éveillé ? C’est grâce à Madame Marie-France, son enseignante, qui dévoue ses journées (et un nombre effroyable d’heures de planification à la maison, j’en suis convaincue) à faire du monde de mon enfant un monde stimulant, qui regorge de découvertes et de merveilles et qui font de lui une personne convaincue de ses forces, conscient de ses défis et prêt et encouragé à les surmonter. Son vocabulaire est rehaussé, contrairement à ce que nous font croire les médias quant à la qualité du français dans les écoles.
Je côtoie également les enseignantes en formation, en tant que chargée de cours au baccalauréat à l’université. Quand j’ai pris connaissance de votre article, je me suis demandée comment ces étudiantes faisaient pour persévérer face à tant de mépris. C’est qui est le plus dérangeant, c’est que les reproches qui sont formulés à l’égard de leur formation et de leurs compétences relèvent d’anecdotes et d’interprétations de sens commun. Il est faux d’avancer que le baccalauréat en enseignement s’obtient sans effort. Je suis témoin au quotidien du travail acharné des étudiants, de leurs réflexions profondes sur le sens et les conséquences de tous leurs gestes en classe et dans les relations avec tous les intervenants du milieu, de leur analyse et interprétation de théories, d’écoles de pensée, de politiques et programmes ministériels de toutes sortes. Ces efforts, de plus, sont déployés dans le but de pratiquer une profession dévalorisée et même méprisée par l’opinion publique. Pour passer des heures avec nos enfants, pour ouvrir leurs horizons, soigner leurs blessures, consoler leurs chagrins, leur faire comprendre leur potentiel illimité, en faire de meilleures personnes.
J’attends avec impatience les moments où seront publiés les articles qui présentent les enseignantes et les enseignants comme les gens dévoués, brillants et complexes qu’ils sont.
jeudi 22 mai 2008
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