dimanche 10 juin 2012

Dans la marmite...

l'eau bout.


Vous la connaissez sans doute, cette idée que si l’on plonge une grenouille dans l’eau à la température de la pièce et que l’on apporte graduellement cette eau à ébullition, la grenouille y reste jusqu’à sa mort. 

La grenouille, c’est nous et dans notre chaudron québécois, l’eau bout.

Trois conditions, en outre, font en sorte que des violations éhontées, explicites et répétées de nos droits et libertés aient lieu et portent la marmite à cet état d’ébullition.

En premier lieu, on trouve les ordres tacites et/ou explicites du pouvoir politique, qui mobilise les forces de l’«ordre» à agir en leur nom.  Qui ont déjà concrétisé leur mépris des droits et de leur serment de loyauté envers le peuple québécois.  

« Je déclare sous serment que je serai loyal envers le peuple du Québec et que j'exercerai mes fonctions de député avec honnêteté et justice dans le respect de la constitution du Québec» 

Les députés du PLQ auront porté atteinte, notamment par leur attaque contre le carré rouge et par la loi 78, à l’article 10 de la Charte des droits et libertés de la personne

«Toute personne a droit à la reconnaissance et à l'exercice, en pleine égalité, des droits et libertés de la personne, sans distinction, exclusion ou préférence fondée sur […]  les convictions politiques, la condition sociale […] »

Il y a discrimination lorsqu'une telle distinction, exclusion ou préférence a pour effet de détruire ou de compromettre ce droit.»

J’accuse de surcroît les députés libéraux de lâcheté et de capitulation à un agenda ultra-conservateur de leur chef. Je les accuse aussi d'avoir clairement sacrifié le bien commun, leur intégrité et les principes fondateurs du libéralisme politique à l'autel des ambitions personnelles. 

En deuxième lieu, le renoncement, de la part de ces forces de l’ordre, à leur indépendance du politique et au devoir d’exercer leur devoir sans l’influence du gouvernement, ainsi qu'à leur mission de protection des droits et libertés, lui substituant la protection de la propriété d'une élite. Les policiers ne veillent plus au respect des lois, mais les violent impunément, tel que démontré par l’article paru le 9 juin dans le quotidien le Devoir (http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/352102/recit-d-un-petit-voyage-en-metro-avec-un-carre-rouge)

Notamment, par les fouilles arbitraires, les articles 8 et 9 de la Charte des droits et libertés du Canada :

8. Chacun a droit à la protection contre les fouilles, les perquisitions ou les saisies abusives.
9. Chacun a droit à la protection contre la détention ou l'emprisonnement arbitraires

Par les arrestations «préventives», les policiers ont enfreint le Code de déontologie policière (Loi sur la police) qui vise à assurer une meilleure protection des citoyens et citoyennes en développant au sein des services policiers des normes élevées de services à la population et de conscience professionnelle dans le respect des droits et libertés de la personne dont ceux inscrits dans la Charte des droits et libertés de la personne (L.R.Q., c. C-12).

Plus particulièrement,

Section II, article 6 

Le policier doit éviter toute forme d'abus d'autorité dans ses rapports avec le public.

Notamment, le policier ne doit pas:
3°    porter sciemment une accusation contre une personne sans justification;

4°    abuser de son autorité en vue d'obtenir une déclaration;

5°    détenir, aux fins de l'interroger, une personne qui n'est pas en état d'arrestation.

Et par les commentaires ciblant les manifestants pour des raisons idéologiques et sexistes, lesquels ont été rapportés dans l’article cité  plus haut et dans nombre d’articles, de vidéos et de billets de carnets diffusés largement dans Internet

Section II, article 5 :

Le policier doit se comporter de manière à préserver la confiance et la considération que requiert sa fonction.

Notamment, le policier ne doit pas:
4°    poser des actes ou tenir des propos injurieux fondés sur la race, la couleur, le sexe, l'orientation sexuelle, la religion, les convictions politiques, la langue, l'âge, la condition sociale, l'état civil, la grossesse, l'origine ethnique ou nationale, le handicap d'une personne ou l'utilisation d'un moyen pour pallier cet handicap;

5°    manquer de respect ou de politesse à l'égard d'une personne.

En troisième lieu, la passivité, voire la complicité dans le silence de millions de Québécoises et Québécois. Qui voient cette érosion rapide et catastrophique des droits et libertés sans se sentir interpellés. Qui se complaisent dans leur soumission. 


Cette soumission obtuse s'avère démission de son devoir citoyen et humain. Devoir d'indignation face à l'injustice, devoir de résistance face à la tyrannie.  Devoir de solidarité envers son prochain qui en tentant de défendre et protéger les droits de tous, sacrifie trop souvent les siens. Cette désolidarisation est encouragée par les forces au pouvoir, comme le rappelle Chomsky «Toute l'histoire du contrôle sur le peuple se résume à cela : isoler les gens les uns des autres, parce que si on peut les maintenir isolés assez longtemps, on peut leur faire croire n'importe quoi.»
 
Ces Québécoises et Québécois sont dans la marmite avec nous tous, mais pourtant s’entêtent à dire que l’eau n’est pas trop chaude et à croire que le gouvernement a augmenté la température pour le bien de tous. Qui bien qu'ils et elles soient victimes du même joug, de la même exploitation, les justifient pour mieux accepter de les subir. 



Réveillez vous, sinon nous sommes tous cuits !

Aucun commentaire: