lundi 22 juin 2009

L'enseignement de l'histoire face aux mêmes obstacles dans tout l'Occident ?

Du moins chez nos cousins français.

(Re)découverte d'une analyse de François Audigier (1995) sur la résistance au changement de paradigme pédagogique et épistémique dans le modèle français :
«Ainsi construit à la rencontres des finalités, des contenus et des méthodes, ce modèle républicain de l’enseignement de l’histoire et de la géographie fonctionne sur quatre caractères :
les résultats: On enseigne pour l’essentiel les résultats, c’est-à-dire ce que l’on sait de tel ou tel objet, ce que l’on tient aujourd’hui pour vrai. La discipline scolaire éloigne à la marge ce qui met en doute, ce qui interroge les savoirs. La dimension critique se résume avant tout à un contrôle de la vérité des assertions.
le référent consensuel : Pour construire, dans l’espace et le temps scolaires, un monde accepté par tous, il faut gommer les débats et les oppositions qui sont ceux et celles des hommes et des sociétés lorsqu’ils parlent d’eux-mêmes, de leurs visions du monde, de leurs mémoires, de leurs territoires.
le refus du politique : Afin de ne pas prêter au soupçon d’une détermination politique des savoirs [comme si c'était possible !], il faut toujours se caler et se justifier sur les savoirs scientifiques homonymes, faire comme si ceux-ci étaient les seuls inspirateurs des savoirs scolaires, et surtout ignorer les enjeux politiques, idéologiques et éthiques qui sont autant constitutifs de ces savoirs que les dimensions strictement scientifiques.
le réalisme: En enseignant les résultats, en faisant comme si tout cela était vrai, par sa forme même, par les exercices et les évaluations qu’elles mettent en oeuvre, l’histoire et la géographie font comme si elles disaient la réalité du monde passé et présent. Elles font croire que cette réalité est directement appréhendable et compréhensible moyennant quelques procédures raisonnées. Elles effacent le rôle des langages et des points de vue dans la construction des textes historiens et géographes, qu’ils soient scientifiques ou scolaires. Elles ignorent le rôle des langages comme producteurs de sens, de manières de penser le monde.»

Audigier, F. (1995). HISTOIRE ET GÉOGRAPHIE : DES SAVOIRS SCOLAIRES EN QUESTION ENTRE LES DÉFINITIONS OFFICIELLES ET LES CONSTRUCTIONS DES ÉLÈVES. SPIRALE - Revue de Recherches en Éducation - 1995 N° 15 (61-89)

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