J'ai répondu au soi-disant Rapport Courtois à l'émission Dimanche magazine, à la radio de Radio-Canada. Soi-disant, parce qu'il ne s'agit pas d'une recherche, mais d'un pamphlet, tout au plus - pas de cadre théorique ou conceptuel, rien n'est défini, pas de méthodologie, même pas un saut dans le domaine de l'éducation alors qu'il s'agit d'une critique virulente d'un curriculum. Bref, rien qui ne puisse conférer à ce travail quelle que crédibilité scientifique qu'il soit.
Aux faux débats que cet écrit tente de susciter entre connaissances et compétences, je réplique par la plume d'Olivier Reboul, qui lui aura pris une vie à réfléchir à la question de l'éducation (contrairement aux auteurs du pamphlet, qui ne semblent pas avoir réfléchi du tout) :
«Un enseignement qui prend la liberté pour fin est celui qui donne à ses élèves non des performances mais une compétence, c’est-à-dire le pouvoir de réaliser un nombre indéfini de performances imprévisibles et pourtant adaptées à la situation.
[…] De même pour l’éducation morale ; la seule digne de ce nom est celle qui ne se contente pas d’inculquer de bonnes conduites mais qui développe la responsabilité et l’autonomie. Ce qui distingue l’enseignement de l’endoctrinement, ce n’est pas que ce dernier soit mensonger, c’est qu’il empêche l’élève de chercher et d’apprendre par lui-même, qu’il réprime la pensée.
Ce qui nous montre, a contrario, que l’enseignement véritable ne va pas sans le développement de l’esprit critique, autrement dit sans le risque que nos élèves finissent pas penser autrement que nous. Bref, une éducation qui prend la liberté pour fin est celle qui donne aux éduqués le pouvoir de se passer de maîtres, de poursuivre par eux-mêmes leur propre éducation, d’acquérir par eux-mêmes de nouveaux savoirs et de trouver leurs propres normes. [...] du moment que la liberté est une fin, elle doit être aussi un moyen privilégié de l'éducation» (Le Langage de l'éducation, 1984 : 158-159).
Vous voulez un peuple libre et autonome, Monsieur Courtois, ou asservi à une idéologie dont il ne pourra jamais comprendre les fondements, même s'il oeuvre à mémoriser tous les faits que vous souhaitez lui «transmettre» dans un enseignement tout droit sorti des écoles des Frères de l'Instruction publique ? Comment pourront-ils même formuler des arguments ou disposer des outils intellectuels nécessaires à la défense de votre projet ?
Peut-être est-ce là l'idée de l'équipe du Rapport - empêcher les jeunes de penser et de réfléchir par eux-mêmes, de peur qu'ils ne pensent pas comme eux ?
mardi 9 juin 2009
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