lundi 9 juin 2008

Pour améliorer la qualité du français au primaire

La ministre Courchesne veut améliorer la qualité du français au primaire. Je propose qu'au lieu de ramener les dictées sans réfléchir et sans en fouiller les fondements pédagogiques, qu'on reconnaisse que le français est le véhicule des idées. C'est simple... nos idées sont passagères du véhicule langagier. Il peut s'agir d'un véhicule de luxe (éloquent, structuré, pertinent et précis) ou d'un citron (simpliste, désorganisé et non-pertinent, imprécis).

l'important, c'est de provoquer des situations où la motivation à communiquer ses idées est omniprésente. Un désir réel de faire sortir de la classe les apprentissages, les points de vue, les prises de position, le quotidien des élèves. Ceci signifie aussi que la lecture doit être précédée d'une intention claire et issue des élèves. Pas question d'imposer 3 pages sans que ces dernières ne soient rattachées à un besoin réel de l'élève en quête de réponse à une situation-problème.

C'est pourquoi l'amélioration de la qualité du français doit passer par les TICS. Premièrement, parce que c'est la route par excellence pour sortir le véhicule de son garage (je pousse l'analogie ;-)), c'est une route connue des élèves le long de laquelle on trouve une panoplie de services différents, d'écoles de conduite particulièrement intéressantes (pour développer nos compétences technologiques et langagières et améliorer la performance de notre bolide, entre autres en communiquant avec d'autre conducteurs).

Deuxièmement, les TICS fournissent l'auditoire nécessaire à toute intention de communiquer. Les TICS ouvrent la porte de la communauté aux élèves, c'est tout le village qui les encourage, qui les suit dans leurs élans, qui répond à leurs interrogations. Les TICS fournissent aussi les intentions de communication. Avez-vous consulté les sites de correspondances internationales dernièrement ? Ce sont des milliers de classes qui cherchent des amis pour partager leur quotidien et s'ouvrir à d'autres réalités.

Laissons les dictées à M. Pivot, cherchons à créer des situations-problèmes qui incitent les élèves à s'improviser mécaniciens du véhicule de leurs idées.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci de partager cette idée, j'ai aussi cette conviction que tant que les jeunes ne trouveront pas une certaine fierté dans l'utilisation du français, ils ne se donneront pas la peine d'essayer de le maitiser, et c'est normal. À quoi ça sert de bien écrire si c'est pour le faire dans un cahier d'activités que personne n'ouvrira?

Très belle analogie, a-t-elle été inspirée par celle de Yves St-Arnaud?

Stéphanie Demers a dit…

Catherine !!!!!

ahh.. tu l'as bien dit !

s'il y a ressemblance avec St-Arnaud, c'est purement accidentel. Je ne l'ai pas assez lu pour avoir connaissance de cette analogie chez lui !

C'est dire qu'il y a convergence de bonnes idées ;-)

Anonyme a dit…

« ...l'important, c'est de provoquer des situations où la motivation à communiquer ses idées est omniprésente. Un désir réel de faire sortir de la classe les apprentissages, les points de vue, les prises de position, le quotidien des élèves. »

Appliquer ce principe particulièrement dans le milieu scolaire exige de la part du prof un réel engagement et beaucoup d'humilité. Humilité pour renoncer au 'dirigisme magistral' et être capable de reconnaître le potentiel de 'valeur ajoutée' que représente chaque élève. Engagement à défendre la liberté d'expression de ses élèves.

Il faut également être bien conscient que pour l'administration scolaire et les parents, le prof en classe est responsable de ses élèves, de leurs faits et gestes et des conséquences de ceux-ci, quelles qu'elles soient (et elles sont imprévisibles...).

Je connais un prof de français qui - bien avant l'apparition des TICS - a 'perdu sa job' pour avoir défendu la liberté d'expression de ses élèves une fois « sortie de la classe » dans un simple journal.

Avant de s'engager dans cette voie -- à laquelle je souscris --, je conseille fortement aux profs de français qui tiennent à le rester de s'assurer de la solidarité indéfectible de leurs confrères et consoeurs...

Stéphanie Demers a dit…

je suis entièrement d'accord. l'interdisciplinarité est une porte essentielle à cet égard, puisqu'elle permet d'aborder la situation-problème et l'expression des réponses des élèves sous plusieurs aspects, non pas pour encadrer ces réponses de façon excessive, mais bien pour leur donner les outils méthodologiques et disciplinaires pour appuyer ce qu'ils avancent.

L'appel à la solidarité est crucial - soit on se tient ensemble en s'ouvrant aux possibilités d'ouvrir l'école sur la communauté, soit on continue de se faire critiqué collectivement par cette communauté qui ne comprend pas notre travail parce qu'elle n'est pas invitée à le partager.