À mes cinq petits-enfants,
Comment vous expliquer ce qui se passe
actuellement au Québec? Des jeunes de tous horizons se battent pour vous, pour
l’équité, la justice sociale, la démocratie. Il y a dix semaines, j’ai choisi
d’être à leur côté parce que leur cause est juste et vraie, mais aussi pour
vous. Vos parents ont choisi des façons de vivre que ne feront jamais d’eux des
« riches », ni de vous d’ailleurs. Vous, moitié africain/moitié
québécois, moitié italien/moitié québécois, je voudrais vous dire que vous
serez entre bonnes mains pendant toute votre vie. Parce que depuis des
semaines, j’ai côtoyé les jeunes adultes qui seront vos enseignantes et
enseignants, vos travailleuses sociales et travailleurs sociaux, vos
psychoéducatrices et psychoéducateurs, vos futures politiciennes et politiciens
et vos futurs journalistes. Ils sont généreux, justes et bienveillants. Ils
seront solidaires à vos causes et ouverts à votre diversité. Ce sont ces
étudiantes et étudiants qui étaient avec nous hier à la sortie du Palais de
justice et qui nous consolaient, nous les profs, des sentiments de trahison et d’impuissance
qui nous habitaient. Ils avaient encore toute cette générosité et cette
sollicitude pour s’inquiéter de nous. Après autant de semaines dans la rue, ils
sont encore forts, fières et dignes.
Vous êtes encore trop petits pour leur être
reconnaissants, alors je le serai en votre nom. À vous toutes et tous, je vous
dis mille mercis. Je sais qu’à partir de maintenant, je ne serai plus jamais la
même personne. Je voudrais que tous ces adultes qui vous jugent puissent vous
connaitre, acceptent simplement de vous connaitre, comme vous accepteriez de le
faire vous, sans jugement.
Je resterai solidaire à vos côtés, parce
que je sais qu’avec vous, je suis en sécurité.
Francine Sinclair, professeure
UQO
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