samedi 19 mai 2012

Lettre au Premier ministre Charest



Nous vous avions avisé.  Intellectuels, journalistes, artistes, scientifiques, toutes ces voix se sont unies pour vous mettre en garde.  Vous n’avez pas voulu écouter.  Je ne sais pas qui ou quoi vous conseille.  Ça ne peut pas être votre raison, vos décisions sont irrationnelles.  Ça ne peut pas être votre conscience non plus, vos décisions sont immorales.  Restent votre égo, votre ambition, votre soif de vengeance.

Nous voilà ici, maintenant.  Vous nous avez déclaré la guerre et cru que nous serions impressionnés. Vous – oui je dis vous, parce que les ordres, elles sont les vôtres, comme l’est l’ultime responsabilité de tout ce qui s’est produit ces 98 jours – avez éborgné, poivré, matraqué, brutalisé, gazé, arrêté, bâillonné plus d’un millier de nous.  Vous avez porté atteinte, jour après jour, à la dignité humaine au nom de laquelle nous défendons la justice sociale. Vous avez tenté de tout nous enlever. C’est dire tout ce que vous n’avez pas compris !

La solidarité - vous vouliez nous diviser, vous avez fait grandir nos rangs, consolider nos liens ;
La détermination – vous vouliez nous essouffler.  Nous sommes marathoniens.  Rien n’arrête la course vers un monde meilleur;
La mobilisation – vous souhaitiez arrêter notre mobilisation. Nos actions, notre corps entier sont portés par la colère que vous attisez sans cesse. 

Bravo !  Nous voilà tissés les uns aux autres, frères et sœurs d’armes.  Chaque fibre tendue contre vous. 

Vous avez cru nous atteindre maintenant ?  Avec une loi aussi pauvre de raison, de morale et de légitimité que vous ?  Ne voyez-vous pas qui sont ceux et celles qui se dressent devant vous ?  Ne voyez-vous pas avec quelle force créatrice, avec quelle discipline, avec quelle éthique et quel intellect ils et elles répondent à chacun de vos coups, aussi bas soient-ils ? 

La loi 78 ?  Pauvre homme. Vous fertilisez le terreau de la révolte dont vous êtes la cible, vous et vos maîtres porte-feuille.  Vous croyez protéger vos intérêts en protégeant les-leurs ?  Ils tenteront bien de vous larguer, ridicule et contaminé que vous êtes par vos gestes de répression. Mais comme je le disais il n’y a pas si longtemps, la jeunesse québécoise a déterré les racines profondes de l’injustice et elle les laisse à découvert pour nous tous.  Et nous y reconnaissons les PowerCorp, Québécor, RTA, complexe militaro-industriel, bourreaux de l’humanité tout entière. 

Et nous n’avons fini ni de vous, ni d’eux. Vous ne nous faites pas peur.

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