vendredi 28 mars 2008
Sur l’identité des enseignants selon les 4 axes de l’éthique de Foucault
Le premier axe provoque les questions suivantes : quelles parties de moi sont liées à l’enseignement et quelles formes de subjectivité constituent mon enseignement ? est-ce que, par exemple, mon moi enseignant relève plutôt de mon esprit rationnel ou associe-t-il des éléments émotifs aux éléments intellectuels ? Cet axe établit les relations entre l’identité enseignante et les autres composantes de mon identité.
Le deuxième axe provoque les questions suivantes : pourquoi dois-je cultiver certaines attitudes, croyances et comportements et quelles sont les sources d’autorité discursive que je reconnais en tant qu’enseignant ? Est-ce que je reconnais les textes du ministère comme autorité ? Le discours de la direction, de la conseillère pédagogique, des médias, des parents ? Est-ce que je crois que seule la pratique doit informer mon identité enseignante ou est-ce que j’accorde un poids à la théorie ? C’est l’axe du pouvoir et de la politique.
Le troisième axe réfère aux techniques et pratiques dont nous nous servons pour former notre soi enseignant, comme le journal réflexif ou le portfolio de processus, par exemple. Ces pratiques nous permettent de voir la nature constructiviste de l’identité et des pratiques enseignantes.
Le quatrième axe est bien entendu celui de la finalité qu’on accorde à son soi enseignant : pourquoi suis-je enseignante ? Qu’est-ce que je veux accomplir ? Quels sont mes buts ?
L’articulation entre ces quatre axes permet d’approfondir la réflexion sur le pouvoir d’action des enseignants et l’éthique de cette action. Pourquoi agissons-nous comme nous le faisons ?
Ça me fait penser à une conversation avec une étudiante du bac au préscolaire-primaire:
- moi, ma classe doit avoir de l’ordre et du silence
- Pourquoi ?
- Parce que c’est le signe que je sais contrôler ma classe et que j’ai une belle gestion de classe.
- C’est important pour toi ?
- Oui.
- Pourquoi ?
- Parce que quand j’étais dans mon premier stage, il y avait beaucoup de bruit et l’enseignante de la classe voisine m’a dit que je n’avais pas de gestion de classe.
- Qu’est-ce que ça veut dire, pour les élèves, une classe ordonnée et silencieuse ?
- Je ne sais pas, je n’y ai pas pensé.
- Mets-toi à leur place…. Qu’est-ce que tu penses que ça peut vouloir dire ?
- Une classe où tu n’as pas le droit de bouger ou de t’exprimer…
- C’est ta classe ?
- Non, vraiment pas. Dans ma classe idéale, tout le monde bouge, ça grouille d’activité, il y a des coins, tu sais des ateliers et tous ne font pas la même chose en même temps….
Et elle s’anime et dessine pour elle-même (je pense qu’elle ne me voit même plus, honnêtement, tellement elle est dans cette classe) sa philosophie de l’apprentissage.
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3 commentaires:
Très chouette billet tant sur l'apport théorique que le part de vécu qui en suit. Merci
Merci de nous faire connaître cette grille d'analyse, qui m'apparaît d'autant plus intéressante qu'elle peut aussi s'appliquer à toute personne en situation d'autorité ou d'influence. Je pense aux politiciens, aux administrateurs, aux cinéastes, aux chroniqueurs, aux blogueurs... Et aux parents.
Je suis bien d'accord avec vous... d'ailleurs, il va sans dire que Foucault s'adressait à tous ceux qui disposent de la liberté d'action et que dès qu'il y a liberté, il doit nécessairement y avoir éthique. C'est d'autant plus rafraîchissant que notre société n'a pas tendance à favoriser la réflexion sur les finalités de nos actions (tout est caché et implicite) et sur les structures qui les influencent. Sous la pulsion psychologisante, nous avons réduit nombre de phénomènes humains et sociaux à des origines individuelles, alors qu'il y a en réalité cette dialectique entre l'individuel et le collectif, le collectif et le structurel, l'individuel et le structurel
Foucault vaut certainement l'investissement d'une lecture approfondie.
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