La question de la reproduction des relations de pouvoir dans l’école et la salle de classe comme microcosme de notre société subordonnée au discours hégémonique (Gramsci, 1971) engage spécifiquement les enseignants dans leur conception de la citoyenneté et de l’éducation à la citoyenneté. Régulées par la structure hiérarchisante de l’école, les relations dans la salle de classe sont difficilement conciliables avec l’apprentissage de la démocratie et des relations égalitaires et solidaires (Giroux, 1981, McLaren, 1999; Allman, 1999). La remise en question, la négociation des espaces d’expression et de contestation, le débat et le partage du pouvoir (curriculaire, disciplinaire, temporel, etc.) n’ont pas de place dans un système qui reproduit fidèlement la logique capitaliste des relations de pouvoirs (Habermas, 1998; Lefrançois, 2004). Notons que dans son rôle d’agent de l’État, l’enseignant est contraint d’appliquer les prescriptions du ministère de l’Éducation, de sa commission scolaire, du conseil d’établissement, de la direction, etc. (Courtine-Sinave, 2004). Ces conditions réduisent considérablement la possibilité des enseignants d’agir en tant qu’interprètes et critiques de la structure sociale existante et ainsi de former à une citoyenneté sinon transformative, du moins éclairée.
Il s'agit de dégager une zone d’autonomie favorable à la construction démocratique, critique et personnelle du sens à donner à l’éducation à la citoyenneté, redéfinissant ainsi les relations de pouvoir dans la classe et le rôle de l’enseignant du haut vers le bas (logique bottom-up plutôt que top-down) comme acteur d’empowerment ou d’émancipation de ses élèves. Si la finalité d’une véritable éducation à la citoyenneté exige que «…les enfants eux-mêmes doivent apprendre pourquoi et comment transformer et corriger la réalité normative qui les entoure, si l’on veut édicter des normes toujours plus égalitaires. » (Éthier et Lefrançois, 2007), il faudra que les enseignants soient eux-mêmes habilités à ce type de praxis.
mes expériences à la formation des enseignants au baccalauréat m'encouragent à croire que la pédagogie critique a ce potentiel d'éveiller les enseignants à la praxis émancipatrice. Je vois chaque session une centaine d'étudiantes et d'étudiants s'approprier cet espace de contestation et de remise en question et les compétences intellectuelles et langagières nécessaires à la délibération réellement démocratique.
Le seul hic, c'est que plusieurs refusent carrément de s'approprier le pouvoir qui leur est offert.
à suivre
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