Bouchard, P. St-Amant, J.-C. et Tondreau, J. (1998). Effets de sexe et de classe sociale dans l’expérience scolaire de jeunes de quinze ans. Cahiers québécois de démographie, 27 (1), 95-120.
Un trio de chercheurs particulièrement critique.
Cette recherche qualitative est la suite logique d’une recherche quantitative confirmant la corrélation entre la réussite scolaire et l’adhésion aux stéréotypes sexuels, et entre cette dernière et la scolarité parentale. Elle vise à recueillir les données nécessaires à l’approfondissement de la compréhension du phénomène de faible réussite scolaire des garçons et des adolescents issus de milieux modestes.
Les résultats sont issus d’entrevues ouvertes en focus groupes, soit quatre groupes d’adolescents et quatre d’adolescentes, divisés selon leur origine socioéconomique.
Un constat de la situation actuelle à l’école : les stéréotypes et l’adhésion aux préjugés de sexe sont encore bien vivants
Fait remarquable, c’est surtout chez les adolescents en difficulté scolaire issus de milieux socioéconomiques modestes que le clivage prend de l’importance. En effet, l’adhésion aux stéréotypes sexistes est utilisée chez les garçons de cette classe sociale afin de « se positionner avantageusement dans l’univers scolaire. » (111) Entre autres, ils ont tendance à considérer les filles « …comme des objets sexuels et emploient nombre de stéréotypes sexistes quand ils font référence à elles.» (111) L’identité masculine construite par ces garçons est basée sur des modèles abstraits de domination, tirés des médias de masse, par exemple. De plus, « leur univers de représentation des rapports hommes-femmes est très sexualisé et ils ont des attitudes hétérosexistes très accentuées. Ces garçons demeurent collés au noyau dur de leur catégorie de sexe, celui du pouvoir et de la domination ». (112)
Mais qu’en est-il de l’impact sur le climat de l’école en général en ce qui concerne les rapports entre les sexes ? Les élèves masculins en difficulté scolaire sont souvent ceux qui imposent leur volonté et se taillent une identité selon un mode agressif de domination de l’autre. Puisqu’ils deviennent ainsi haut placés dans la hiérarchie sociale de l’école, on pourrait en déduire que leur attitude sexiste est l’attitude qui domine dans leur champ d’intervention (les corridors, le terrain de l’école, la cafétéria, les lieux de rencontre).
Pour leur part, les filles en difficulté scolaire subissent cette domination des garçons à l’école comme un prolongement de ce qu’elles subissent à l’extérieur de l’école.
« Que ce soit dans la relation pédagogique, dans les relations avec les garçons au sein de l’école ou dans leur environnement social, elles sont régulièrement confrontées à du sexisme et à des discriminations qui les mettent en position dévalorisante dans leur expérience scolaire et sociale. Elles subissent du harcèlement sexiste et sexuel à l’école et sont sous-estimées en tant que femmes dans leur milieu familial, tout en se sentant dévalorisés symboliquement et concrètement sur le plan social. »(112)
De plus, elles limitent leur vision de l’avenir. L’orientation dominante est axée sur la vie de couple. Or, elles voient l’utilité de l’école et des études supérieures, mais s’en sentent exclues. Leur difficulté scolaire conjuguée à leur milieu socioéconomique restreint la construction de projets structurés.
Enfin, les filles en difficulté scolaire sont :
« confrontées, dans la relation qu’elles entretiennent en classe avec le personnel enseignant, aux effets répétés des rapports sociaux de sexe. (…) ceux-ci sont omniprésents dans leur expérience scolaire et sociale. Ces manifestations (sexisme, harcèlement sexuel, violence physique) … tendent à limiter leur estime de soi et à engendrer chez elles une distance à l’univers scolaire. » (105)
dimanche 10 février 2008
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